4 Août 2013
[Chant du Large]
Chant du large, cri de la mer,
Ô agréable fantaisie,
Bruissement des vagues, caresse de l’air,
L’océan s’aventure jusqu’ici…
Odeur marine, odeur de sel,
Bleu marine et bleu ciel,
Bleu d’amour, bleu de mirage,
Chant d’amour, craint le naufrage…
Au pied du phare, lumière des hommes,
Au pied du phare, se tient la femme,
La sirène nous tend sa pomme,
Sur l’onde douce, son chant infâme…
Combien s’y sont noyés ?
Au jeune marin, méfiance,
A grand fracas, sur les rochers,
On ne jouit jamais d’assez de chance…
Calme tempête, sans amertume,
Avec le soleil, se lèvent les brumes,
Avec les vagues reviennent les planches,
Et tous ces corps à la peau blanche…
Encore un bateau chaviré,
Et l’éternelle question,
Si c’est d’un mirage insensé,
Ou bien cette abomination…
Cet article a mis du temps à venir car Chant du Large fait partie de ces quelques poèmes qui me donnent du fil à retordre sur leur classification dans le Recueil de Feuilles mortes. Les différentes parties ou “chapitres” de ce recueil doivent s’enchaîner de façon assez logique, et il n’est pas question ici de chronologie mais plutôt de thématique. Or, ce type d’arrangement est vraiment difficile à maintenir, notamment pour des raisons de sensibilité. En effet, je considère que tel poème doit plutôt faire partie des Horizons Déchus, mais peut-être que quelqu’un y verrait une note d’espoir suffisante pour le faire basculer dans la tranche suivante. Au-delà des divergences entre vous et moi, je peux même mettre en avant les différences entre moi et moi-même.
Ce poème en est l’exemple parfait. Au début, il appartenait effectivement à cette deuxième partie du recueil, et quoi de plus logique finalement pour un texte qui aborde un thème comme le naufrage. Puis, je l’avais basculé dans la thématique d’Entre deux Ombres plus tard, car il s’agissait plus d’une histoire, d’une légende, que d’un véritable constat ou d’une épreuve. Or, à une époque, c’était la condition sine qua none pour intégrer un poème aux Horizons Déchus. Maintenant que je me retrouve à devoir figer la structure du recueil (même si j’ai toujours la liberté d’y revenir plus tard, je dois prendre en compte que cette forme “publique” ne peut pas changer tous les quatre matins) le débat a refait surface en moi.
La principale conclusion à laquelle j’en suis arrivé, c’est que classer la poésie autrement que par chronologie, ce n’est pas une bonne idée. On parle d’ailleurs d’une erreur que je ne referai pas pour Manies qui se déroule très bien dans sa structure temporelle. Néanmoins, c’est un choix que j’ai fait par le passé, lorsque je construisais le Recueil de Feuilles mortes et c’est quelque chose que je me dois d’assumer aujourd’hui, avec ses contraintes.
Je suis donc revenu sur ma précédente décision, en choisissant de faire primer sur tout autre jugement, l’état de la conclusion de chaque poème. Chant du Large possède une fin ouverte, certes, puisque c’est une question qu’on se pose, c’est un doute que l’on évoque, mais il ne propose pas un tremplin vers une amélioration ou une marche en avant. Or, c’est ce que je recherche concernant les textes d’Entre deux Ombres : un propos funambule, qui oscille entre le oui et le non, avec une conclusion qui laisse des possibilités d’amélioration ; ou bien de la nostalgie positive, c’est-à-dire un bon souvenir mais qui est clairement révolu. Au final, les titres attribués aux différentes parties sont bien là pour représenter ce que je veux y évoquer, et cela aurait presque été un outrage, qu’un poème appelé “Chant du Large » ne fasse pas partie des Horizons Déchus.
Sur ce,
Belle Lune,
Wayce Upen Foya