Attention ! Ce texte est un morceau d’une autre histoire qui n’est pas présenté dans sa chronologie d’origine. Il pourrait donc contenir des informations susceptibles de « spoiler » certains plots scénaristiques.
Samuelle est droite, les jambes ancrées dans le sol. Le vent a beau secouer sa veste en cuir ou faire danser ses cheveux caramel, sa fidèle casquette anglaise reste solidement vissée sur son crâne. Toujours dans son dos, avachi sur un pseudo escalier en béton, je la regarde amener ses mains autour de sa bouche. Les cliquetis nerveux d’un briquet me parviennent entre deux bourrasques. Une bouffée grise finit par se faire happer par le vent, au moment où ses bras retombent. Elle range son briquet, relevant la tête vers la route sur la berge d’en face.
Le bruit des voitures est barré par le bruissement des roseaux au bord de l’eau, mais les mimiques de sont corps me laissent penser qu’elle tend l’oreille. Écouter vrombir les moteurs en plein cœur de l’automne, c’est tout elle. Imaginer où vont ces voitures, envisager ces vies qui nous croisent par dizaines sans savoir qu’on les guette. Une douce mélancolie qui me ressemble.
« Je me demande si tu ressembles à Céline, » laché-je sans vraie conviction, ni espoir d’une réponse. Savoir serait moins savoureux que la question elle-même. Malgré tout, la voir là, dans un manteau d’émotions toutes nuancées de gris, perdue entre l’envie de rester une enfant et le devoir d’être adulte… tout ça m’évoque un vieux cliché en noir et blanc de ma tante. Je ne saurai jamais si toutes ces choses ne sont que les fantasmes d’un jeune adulte qui a perdu quelqu’un trop tôt, où si cette jumelle-là, entre toutes, a réellement pris le visage émotionnel d’une personne que je ne pouvais me résigner à laisser partir.
Cependant, ce n’est pas juste une lubie. De toutes les Sœurs de l’Enfer, Samuelle est la seule qui fume vraiment. Je ne trouve pas que ce soit anodin, pour quelqu’un qui pourrait complètement s’y soustraire.
Sans prendre la peine de se retourner, je l’entends grommeler entre deux taffes. Quelle qu’en soit la justification, cette ressemblance que j’interprète n’est pas voulue. Mademoiselle semble plus préoccupée qu’à son habitude. Même si, être plus préoccupé qu’à son habitude commence à devenir habituel chez elle.
Morosité, quand tu nous tiens !
J’aime sortir me promener avec Sam. Elle est moins hystérique que Viriginia, moins glauque que Vanessa et plus souriante que Cyanure. C’est un peu le point médian de la fratrie, et c’est ce qui fait son charme. Elle est presque toujours mesurée et calme, réfléchie… peut-être même calculatrice. Tout l’opposé de l’alter qui lui a donné naissance, mais j’ai cru comprendre que l’Univers avait un humour bien à lui.
Quand elle me laisse plonger mes yeux dans son regard, j’y trouve souvent quelques souvenirs de lycée, époque où mon caractère s’épanouissant sous des airs semblables aux siens. « Nostalgie » aurait été un très beau nom pour elle, mais elle porte très bien Tendresse
« Tu crois que Scy a une plus grosse sensibilité que toi à la mort ? »
La mort, nous y voilà. Je sais très bien ce qu’elle sous-entend. Pour moi comme pour n’importe lequel de mes alter, nos jumelles s’approprient des émotions, figures, pensées, lorsqu’elles germent. Le lycée semble avoir été une époque importante dans leur construction. Il aura suffit que Scy se laisse bouffer par ces regrets que j’ai toujours occultés, et Samuelle Tendresse était née, incarnant cette fameuse notion de dépit inaltérable.
Le regard dans le vague, j’entends les pas dans le gravier s’approcher, l’odeur de tabac devient notable. Sa silhouette s’écrase à mes côtés.
Nous voilà enfin devant le premier Hors-Texte du site !
Pour le Cyndrespace, on peut dire que Mai aura été le mois de l’innovation car même si ces concepts ne sont pas nouveaux, c’est ici qu’ils prennent racine désormais.
Vous avez pu le constater avec la première ligne de l’article, le principe du Hors-Texte est simple : une scène rédigée, extraite de son histoire, hors de sa chronologie, proposée comme corps d’un article.
Je l’ai identifié clairement comme « gâcheur » (oui, c’est moins stylé en français) pour que chacun prenne la décision de lire ou non en son âme et conscience. En effet, comme les Hors-Texte peuvent provenir de n’importe où et n’importe quand, ils peuvent contenir des propos révélant de nombreux indices sur ce qu’il a pu se passer dans l’une ou l’autre histoire.
Je ne sais pas si vous serez nombreux à vouloir à tout prix éviter cette situation de révélation impromptue mais il y en aura probablement. Je préfère donc dissiper tout malentendu.
Cette série d’articles s’adresse avant tout aux curieux et éventuels pisteurs qui souhaiteraient d’ores et déjà s’immerger dans l’Univers ou apprivoiser certains personnages. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’attendais un texte à l’image de celui-ci pour débuter. Le but est de donner de la consistance au Cyndrespace en vous montrant que des événements ont effectivement lieu dans ce multivers, en tous lieux et temps.
Ajoutons à cela que ce sera une source de publications et de contenu non-négligeable et vous voilà devant la recette pour un concept qui devait être mis en place. On peut dire que c’est une sorte de supplément ou de bonus, comparé aux histoires réellement suivies que je publie depuis le début. J’essaierai d’ailleurs de les publier indépendamment de mon quota de deux articles par semaine, pour que ceux qui ne souhaitent pas les lire ne se sentent pas lésés.
Cela veut aussi dire qu’il n’y en aura pas tout le temps. Quand je serai suffisamment satisfait d’un texte, sans pouvoir le publier de façon, disons, régulière, je proposerai un Hors-Texte. En dehors de ces moments, je n’aurai pas de raison d’alimenter cette catégorie. Je veux alimenter l’histoire de mon Univers, certes, mais pas la bâcler.
Sur ce,
Belle Lune,
Wayce Upen Foya