Attention ! Ce texte est un morceau d’une autre histoire qui n’est pas présenté dans sa chronologie d’origine. Il pourrait donc contenir des informations susceptibles de « spoiler » certains plots scénaristiques.
Je hoquète de surprise avant de lui répondre.
« D’une manière ou d’une autre, Scy a une plus grosse sensibilité que moi à n’importe quoi. Je ne sais pas quelle marche il a loupé dans sa croissance émotive, mais je suis bien content de ne pas être autant à fleur de peau. Même si j’avoue avoir mes humeurs…
— J’croyais que c’était V.V. qui avait tout pris à sa naissance, enchaîne-t-elle, la cigarette au bout des lèvres.
— Je ne pense pas vraiment qu’il existe de logique dans un univers qui a été entièrement réécrit plusieurs fois… que savons-nous vraiment de ce qui a été conservé ou changé ? Malgré tout, si je peux me permettre, les jumelles viennent après les alter… autrement tu ne serais pas là pour en parler. Scy est une première dissociation avec ce que j’ai pu ressentir à son époque, une distance mise entre mes émotions violentes et ce que j’aspirais à être…
— Et pas Virginia ?
— Virginia aussi, mais c’est différent. Il n’y avait pas de véritable… « rejet ». Parce que j’avais déjà vu ce que ça pouvait donner. Je me suis juste contenté d’enfouir une partie de moi sous des tonnes d’inconscient, sans savoir que ça la nourrirait. Même si elle est née dans la violence, s’est nourrie de peur et de haine — comme toi d’ailleurs — elle représente avant tout un idéal auquel j’aspirais plus qu’une peur de ce que je pouvais devenir.
— Hormonalement instable, à empathie sélective, la gâchette facile et prête à n’importe quel sacrifice, tu parles d’un idéal ?
— La caricature est facile, mais Bloom est avant tout une personne sûre d’elle, inébranlable, prête à tout pour ce qui lui est cher… aucun de ces pouvoir ne s’obtient sans sacrifice. Et tu auras beau être sceptique, je pense qu’il en va de même pour toi et Scy. Imperturbable, réfléchie, calculatrice, loyale, attachée à ses racines, la Samuelle que je côtoie possède toutes les qualités qu’il a été incapable de s’offrir.
— Évidemment, vu comme ça, tu le ferais presque passer pour quelqu’un de bien.
— Ce que je pense de vous autres, nos « Émeraudes de substitution », c’est que vous êtes les portraits d’idéaux qu’on n’aurait pas eu d’autre choix que de dépeindre avec un pinceau trop huileux.
— En toute honnêteté, je ne sais pas comment je dois le prendre…
— C’est ce que je dessinerais si on me posait la question, mais difficile d’être précis et d’éviter les bavures avec autant d’énergie qui s’échappe à cet instant.
— Ça va ! Je crois que j’ai saisi la métaphore. Soit. Si j’ai bien compris, Scy est ton opposé et moi je serais son complémentaire… ça veut donc dire qu’on se ressemble ?
— D’un point de vue purement technique, je dirais plutôt que Scy est mon complémentaire et que toi, tu es son opposée, mais l’idée est là. Ce n’est pas pour le peu de sens que ça fait… »
Elle lâche un soupir rauque en me poussant avec son poing.
« Toi et tes lubies de vocabulaire… toujours à reformuler les phrases des autres pour un oui ou pour un non. » Alors que je m’apprête à répondre, elle m’interrompt en collant son index sur ma bouche. « Chut ! Je sais exactement ce que tu vas dire : ‘‘En soi, on est précis ou on l’est pas.’’ Tsk ! »
Le pire dans tout ça ? Elle a parfaitement raison. Je suis peut-être un peu trop obsédé par la signification des mots.
Toujours plus de notions compliquées ?
Effectivement, ce corps de texte doit vous paraître bien opaque. Les noms, les concepts, fusent au travers d’un dialogue entre deux initiés et je comprends parfaitement que ce ne soit pas évident de tout suivre.
Cependant, c’est aussi là que le Hors-Texte prend tout son sens et trouve son intérêt. Je pense que nous sommes un peu trop loin dans le « non-expliqué » pour parler de in medias res. Appelons donc ceci un extrait, puisque c’est la qualification qui lui correspond le mieux.
Avant ce morceau, il s’en est passé des choses, c’est peu dire. Tous les noms et mots que vous y côtoyez sont effectivement importants, pour ne pas dire essentiels. Le but n’est justement pas de prendre des pincettes en développant des kilomètres de prose pour décrire chacun de ces concepts, bien qu’ils pourraient effectivement prendre des pages entières pour être expliqués.
J’ai d’ailleurs souvent réfléchi à un format qui prendrait justement le contrepied de cette forme de publication. J’imaginais un texte, dans lequel un personnage — parce que je considère que ce sont eux les plus à-même d’expliquer toutes ces choses, avec leurs caractères respectifs — réalise une sorte d’exposé, comme un cours magistral, pour détailler l’une ou l’autre de ces fameuses notions.
L’idée me plaît, et elle arrivera probablement un jour. À l’heure actuelle, je dois reconnaître que si je veux faire les choses bien, cela me prendra un certain temps, pour chaque item. Je souhaite réellement proposer une forme de cours, avec des exemples concrets et des explications en profondeur, quitte à aller au-delà de la connaissance théorique du personnage même. Ajoutons qu’il faut évidemment construire un angle de vue qui corresponde au style de l’individu, qui ne bride pas son caractère ou sa façon de s’exprimer… et je me retrouve avec un concept tout aussi intéressant que chronophage.
C’est, encore une fois, quelque chose que je préfère travailler en arrière-plan, bien développer, avant d’en proposer une quelconque forme. Ce serait dommage de démarrer sur les chapeaux de roues et de n’avoir pas de quoi publier dans cette rubrique pendant un an.
Enfin, un dernier argument pour repousser le tout… ce sont les lecteurs. Parce que je me dis que quitte à reproduire une conférence, autant reproduire une audience. Donc, si un jour je considère avoir suffisamment de lecteurs, je lancerai peut-être une foire aux questions sur un sujet précis afin de m’en servir pour alimenter les voix des « étudiants » qui assisteraient à une telle présentation.
Encore un beau projet qui grouille dans mon esprit. Encore une bonne raison de languir le moment où j’arriverai à me consacrer à cent pour cent à ma passion.
En attendant, je balance des textes qui ne font qu’alimenter la confusion. Certes, ils n’aident pas à se raccrocher à des concepts plus simples pour expliquer des choses plus complexes, mais ils participent à développer un Cyndrespace qui en a bien besoin si je veux espérer vous séduire un jour.
C’est comme ça qu’on résout un puzzle, une pièce après l’autre.
Sur ce,
Belle Lune,
Wayce Upen Foya