L’Héritière Artificielle #5 – Prologue (5/7)

L’Héritière Artificielle #5 – Prologue (5/7)

« Aussi loin que je me souvienne, répondit Töth véhémente, vous n’avez jamais été réticents à intervenir en Nyhill. »

Ce qui, pour elle, était un argument de choix, n’entrait pas même en ligne de compte dans l’esprit de l’homme à la peau améthyste. « Nyhill était notre domaine. Ici, chacune de nos actions aura des conséquences que nous ne maîtrisons pas.

– Pas nos actions, enchaîna la géante après une seconde de silence, nos choix. Ne rien fait est un choix, et lui aussi aura des conséquences.

– Si Néa n’eût pas été aussi avare en nous donnant la vie, nous eûmes une quelconque chance d’influer sur ce monde. » La remarque de la femme en robe pourpre tomba ne nulle part. Töth cru entendre son frère s’étouffer à la suite de celle-ci. Jamais elle n’eût cru que la Princesse de la Maternité ne critiquât sa propre génitrice. Le regard fuyant de Sotae confirma par ailleurs qu’elle avait reçu une réprimande visuelle. Malgré tout, sa remarque fut pertinente. La douleur et l’angoisse devaient la ronger depuis des siècles désormais.

En dépit de toute la compassion qu’elle éprouvait à son égard, la femme à la chevelure de feu était en guerre. Elle se devait de tout faire pour convaincre les aînés de se joindre à elle.

« Je ne pense pas que vous ayez autant hésité s’il s’agissait de n’importe lequel autre d’entre nous, commença-t-elle sa plaidoirie, mais non, parce que c’est de Tesha dont il est question, et parce que vous le considérez encore comme un paria, vous ne lèverez pas même le petit doigt. »

L’odeur âcre du vernis envahissait sa bouche sans qu’elle ne sache si cela était une réelle amertume ou celle qui venait rehausser le sentiment d’injustice. Rien ne s’encrait plus profondément dans un cœur que l’acidité de la rancune, elle ne le savait que trop bien. Des siècles, des millénaires peut-être, que son jumeau avait passé en pénitence pour une seule faute. Quelle qu’en fut la gravité, il méritait depuis longtemps l’absolution. D’autant plus que cette dernière affaire leur était liée bien plus qu’ils ne se l’avouaient.

« Dois-je vraiment vous rappeler que c’est aussi contre Retha que nous nous battons ? acheva la forgeronne. Que vous le vouliez ou non, nous sommes déjà impliqués dans cette histoire.

– Elle aussi subira les conséquences de son orgueil, » conclut sèchement Kensten. Son intonation posée mais directe se voulait imiter les injonctions de leur autre frère, Jusan, le Sage. Bien que les réflexions du beau parleur donnèrent toujours la sensation d’être vides de sens.

Je n’ai pas des centaines de choses à dire pour accompagner la publication de cette partie de texte. C’est un peu l’inconvénient de sortir des chapitres en fragments : après avoir discuté du contexte dans les premiers articles, après avoir analysé la situation et les personnages, les dilemmes moraux, il ne reste plus tant de choses à raconter. Ce n’est pas comme avec les poèmes, qui ont à chaque fois leur univers propre à démontrer. À moins que dans l’un des paragraphes présents il n’y ait un indice ou un détail particulièrement intéressant à développer, on arrive vite face à un blanc post-scriptumal.

Ici, le dialogue n’est que le prolongement de ce que je présentais la semaine dernière. Sa continuité donne un peu plus d’informations, toujours  intéressantes à glaner pour reconstituer le puzzle par la suite ; mais si je devais par exemple lancer un débat cette fois, il ne serait qu’un écho du précédent.

Pour cette raison, je trouve aussi intéressant d’attendre que certaines histoires soient suffisamment complètes pour les publier. Cependant, il ne faut pas oublier que les Post-Scriptum sont aussi là pour dialoguer avec vous. Je pourrais aussi bien publier seulement une fois par mois et découper les chapitres en deux plutôt qu’en huit, mais l’idée est bien de parler régulièrement et de faire un pont entre mes moments d’écriture et vos moments de lecture. Quitte à ce que, parfois, je me contente de dire que la semaine n’était pas propice.

J’ai réfléchi à l’idée de sortir des articles plus gros mais moins souvent, ce qui allègerait le stress, les contraintes, et serait normal tant que je fais d’autres choses en parallèle comme suivre des cours. Peut-être, d’ailleurs, que je finirai par y venir, cela limiterait les quelques jours de retard que j’accumule pour quasiment toutes mes publications. Néanmoins, tant que je peux assumer physiquement et moralement de produire des PS assez souvent, je trouve ce format plus convivial. D’autant plus que je m’attends à avoir un peu plus de libertés d’écriture l’année prochaine. En tous cas, ce qui est sûr c’est qu’il serait dommage de changer de format maintenant si dans un mois je me retrouve à pouvoir assumer cette cadence.

En bref, celui-ci a beau être le cinquantième article du site, je tâtonne encore beaucoup pour essayer de trouver la bonne formule.

Sur ce,

Belle Lune,

Wayce Upen Foya

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