La jeune femme aux lèvres charnues coinça un de ses cheveux vert pomme entre son pouce et son index et l’arracha d’un coup sec sans broncher. Elle se mit à le rouler entre ses doigts, l’entortillant jusqu’à ce que ses traits se mélangent. Par un étrange phénomène d’agrégation, le cheveu se sculpta peu à peu en une petite bille blanchâtre. Au bout d’une dizaine de secondes, celle-ci avait grossit et s’était mise à briller pour ressembler à une perle de nacre.
Sotae plaça l’objet entre ses deux pouces et ses deux indexes et étira deux chaines aux maillons minuscules au bout desquelles pendait la boule brillante. Sur la pointe des pieds, elle invita Töth à se pencher vers elle pour joindre les deux chaînes autour de son cou.
« Le monde t’accorde un second souffle de vie, forgeronne. Fais-en bon usage, » déclara solennellement la femme à la robe pourpre.
Avant que sa sœur ne se relève, elle récupéra le morceau de ramure brisé qu’elle avait dissimulé dans son corset, le posa à sa place sur la couronne d’os, et d’une caresse du pouce ressouda les tissus pour ne laisser qu’une légère cicatrice plus blanche que le reste.
Quand la géante eut été redressée, elle constata que les yeux reptiliens émettaient de lourdes larmes. Elles roulaient sur le grain de ses joues comme sur un tissu imperméable, sans humidifier son teint.
« Prend soin de toi, hoqueta Sotae entre deux sanglots, et ne laisse pas ta générosité causer ta perte.
– Tu t’inquiètes pour ta cadette désormais ? plaisanta Töth.
– En dépit de toutes nos différences, nous restons une famille. C’est le plus important. »
La forgeronne sentait à travers ces mots la crainte de sa sœur de perdre encore quelqu’un de proche dans cette sombre guerre qui engloutissait tout le monde, quel qu’eût été sa condition. Elle tenta de la rassurer :
« Et nous restons immortels.
– Nous le fûmes il y a bien longtemps, répondit Sotae pensive, mais je sais bien au front de quels dangers tu accoures. Contrairement à ce que disent certains livres, je ne suis pas une pondeuse écervelée. »
La géante à la peau grise ne répondit pas. Elle embrassa le front de son aînée en inspirant une dernière fois la douce odeur de lierre qui émanait de sa chevelure. Puis, elle fit volte-face et quitta la pièce sans se retourner, en caressant du bout des doigts la perle qui lui faisait désormais office de pendentif, de talisman.
En la voyant disparaitre dans l’ombre du reste de la demeure, la fille au corset sentit toutes ses écailles se hérisser. La boule au ventre, elle joignit ses mains moites avec force et se mit à prier.
Ici se conclut le Prologue de L’Héritière Artificielle, donnant le signal de départ pour l’histoire de notre protagoniste, Cymbalaria.
Je languis de pouvoir présenter ce personnage en particulier, mais je languis aussi de vous raconter cette fiction dans un univers que j’ai toujours eu plaisir à travailler. Cependant, comme je l’évoquais précédemment, je n’enchaînerai pas directement sur le premier Chapitre. D’abord parce que c’est le seul autre morceau de l’histoire complet que je pourrais publier, ensuite parce que j’aimais bien l’idée d’alterner les histoires. Il faut donc que je questionne mes envies sur ce que je souhaite présenter par la suite.
Pour le moment, je n’ai pas eu le temps de suffisamment développer mes projets à publier pour vous en offrir plus. L’histoire que j’ai le plus travaillée ces derniers mois est dHdC dont, comme vous le savez, la publication ne débutera pas avant qu’elle ne soit terminée (au moins le premier jet). Mon stage touchant à sa fin, je me retrouve dans une période un peu intermédiaire où j’ai peu de temps libre car il faut essayer de conclure au maximum les aspects de l’étude engagés, mais la pression redescend peu à peu avec l’horizon des vacances qui se montre. Ainsi, je pense qu’il va y avoir une ou deux semaines beaucoup plus calmes – je veux dire, plus calmes encore que ne l’ont été les deux dernières – avant de revenir avec, je l’espère, plus de contenu. En effet, comme je l’ai évoqué, je veux faire de cette période de vacances un terrain d’essai pour mes travaux d’écriture et étudier mes propres capacités et limites. J’aimerais avant tout finir dHdC puis, pendant que je la publierai, je pourrai envisager d’avancer L’Héritière.
En revanche, la question qui se pose, c’est “qu’est-ce qui sera publié pendant ces deux semaines d’attente ?”
Eh bien, comme je n’ai pas non plus envie de bafouer complètement le rythme que j’essaie de m’imposer depuis Janvier (avec plus ou moins de succès), je vais toujours tenter de proposer deux articles par semaine. Néanmoins, compte tenu que je ne peux pas produire d’écrit nouveau à cause de mes contraintes de temps, je vais tabler sur des choses que j’ai déjà sous le coude. Vous l’aurez deviné : les poèmes.
Ici, je veux faire d’une pierre deux coups. Continuer à publier de façon régulière et donc ne pas créer un vide sur le site comme cela a pu être le cas en Mars/Avril – vide que je m’efforce de corriger encore aujourd’hui – et aussi avancer la publication du Recueil de Feuilles Mortes qui, je n’ai de cesse de le répéter, n’est pas ma plus grande fierté. Avec ce mode de fonctionnement, j’arriverai probablement à boucler la partie 2 Horizons Déchus au début de mes vacances. Cela nous ouvrira une nouvelle ambiance pour l’été, et puis je garde en tête que charque poème publié me rapproche un peu plus de la présentation de Manies qui me correspond mieux aujourd’hui. D’autant que j’essaie de plus en plus d’écrire des poèmes à un rythme régulier, donc il ne me faut pas prendre de retard. La configuration idéale dans mon esprit serait de pouvoir publier une poésie le jour ou le lendemain de sa création, pour que vous soyez au plus proche de la personne qui crée à l’instant où elle crée.
On se retrouve donc dans quelques semaines ou mois pour la suite de L’Héritière Artificielle, en espérant que ce temps fasse monter l’envie de découvrir ce monde.
Sur ce,
Belle Lune,
Wayce Upen Foya