[Horizons Déchus]
Bien malgré tous nos voyages
A travers le temps, ses mirages,
A travers des mondes déments,
Et leurs avenirs succulents.
Malgré toutes ces déboires
Qui ne me font pas perdre espoir
Malgré toutes ces belles choses
Qui à mes yeux s’imposent
Je n’ai jamais été entièrement comblée
De ce vide, ce néant à l’intérieur
Et je me tais, bouche bée,
Face à une si grande douleur
Je ne sais plus ce que je devrais dire
Ou même penser de tout cela.
Mais je ne saurais pas nous maudire
De nous être risqués jusque-là.
D’avoir longtemps essayé de trouver
Ce doux rivage prospère
Où nous pourrions tous accoster
Répandre nos pensées, nos vers.
Et si cela n’était qu’un songe lointain ?
Et qu’au bout de tout ce périple
Avec ses détours, longs et multiples,
Il n’y avait pas de lendemain ?
J’y ai souvent pensé, angoissée,
Car même si moi je n’ai pas peur
Tu as tant de fois rêvé cette heure
Que son absence pourrait te terrasser.
Souvent j’y pense et j’angoisse
Car si un jour, le temps nous lasse
Je me retrouverai seule à voyager
Lorsque pris de fureur, tu auras abandonné
Il ne s’agit pas de la confiance que j’ai pour toi
Ni de cette errance en laquelle j’ai foi
Mais même avec toute la volonté du monde
Je sais qu’à l’intérieur, le tonnerre gronde
Et comme la petite fille que j’étais
Me voilà à nouveau apeurée
Partageant tes doutes, tes défaites,
J’ai tellement peur que tu t’arrêtes.
Car après avoir bravé tant de nuages
Pour visiter ces inconnus rivages
Ceux que jusqu’alors nous avons vu
Ne sont que de terribles Horizons déchus.
Au début, je me demandais bien ce que je pouvais raconter sur ce poème. C’est vrai, en termes de composition il est plutôt dans la moyenne haute de ce que j’ai à présenter pour ce Recueil, et pour cause, il date de 2018. Cependant, au-delà de cette qualité due à sa relative fraîcheur, je ne voyais pas de particularité à évoquer.
Jusqu’à ce que, toute réflexion faite, je trouve une anecdote loin d’être banale. Je n’y pensais plus du fait de sa position relativement précoce dans la structure du poème, mais il se trouve qu’en termes de dates, c’est le dernier poème qui appartienne à ce corpus.
En effet, ce texte, écrit en Juin 2018, est jumelé avec Ouvrir les Yeux, le poème qui ouvre mon second album de poésie que je continue encore à l’heure actuelle. Je ne l’ai pas encore évoqué puisque nous avons une longue route de publications à faire avant même d’envisager nous y rendre, mais de fait, il débute là où l’autre se termine.
Évidemment, au moment où je les écrivais, je n’avais encore aucune idée que leur dualité serait à ce point clivante. Pourtant, une fois venu le moment de réorganiser cette collection, il m’a paru évident que deux époques se distinguaient, et que telle était la frontière.
Ce que je trouve encore plus amusant, c’est que ce poème soit finalement un poème d’introduction, donc, sensé présenter une partie. Il m’en a donné, du fil à retordre. Je ne trouvais jamais comment présenter cet arc poétique. Puis, finalement, le texte est venu de lui-même au moment où je m’y attendais le moins.
Il me semble que malgré toutes ces déboires, il présente bien ce qui va suivre.
Sur ce,
Belle Lune,
Wayce Upen Foya