Poème #10 – Horizons Déchus
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Poème #10 – Horizons Déchus

[Horizons Déchus]

Bien malgré tous nos voyages

A travers le temps, ses mirages,

A travers des mondes déments,

Et leurs avenirs succulents.

Malgré toutes ces déboires

Qui ne me font pas perdre espoir

Malgré toutes ces belles choses

Qui à mes yeux s’imposent

Je n’ai jamais été entièrement comblée

De ce vide, ce néant à l’intérieur

Et je me tais, bouche bée,

Face à une si grande douleur

Je ne sais plus ce que je devrais dire

Ou même penser de tout cela.

Mais je ne saurais pas nous maudire

De nous être risqués jusque-là.

D’avoir longtemps essayé de trouver

Ce doux rivage prospère

Où nous pourrions tous accoster

Répandre nos pensées, nos vers.

Et si cela n’était qu’un songe lointain ?

Et qu’au bout de tout ce périple

Avec ses détours, longs et multiples,

Il n’y avait pas de lendemain ?

J’y ai souvent pensé, angoissée,

Car même si moi je n’ai pas peur

Tu as tant de fois rêvé cette heure

Que son absence pourrait te terrasser.

Souvent j’y pense et j’angoisse

Car si un jour, le temps nous lasse

Je me retrouverai seule à voyager

Lorsque pris de fureur, tu auras abandonné

Il ne s’agit pas de la confiance que j’ai pour toi

Ni de cette errance en laquelle j’ai foi

Mais même avec toute la volonté du monde

Je sais qu’à l’intérieur, le tonnerre gronde

Et comme la petite fille que j’étais

Me voilà à nouveau apeurée

Partageant tes doutes, tes défaites,

J’ai tellement peur que tu t’arrêtes.

Car après avoir bravé tant de nuages

Pour visiter ces inconnus rivages

Ceux que jusqu’alors nous avons vu

Ne sont que de terribles Horizons déchus.

Au début, je me demandais bien ce que je pouvais raconter sur ce poème. C’est vrai, en termes de composition il est plutôt dans la moyenne haute de ce que j’ai à présenter pour ce Recueil, et pour cause, il date de 2018. Cependant, au-delà de cette qualité due à sa relative fraîcheur, je ne voyais pas de particularité à évoquer.

Jusqu’à ce que, toute réflexion faite, je trouve une anecdote loin d’être banale. Je n’y pensais plus du fait de sa position relativement précoce dans la structure du poème, mais il se trouve qu’en termes de dates, c’est le dernier poème qui appartienne à ce corpus.

En effet, ce texte, écrit en Juin 2018, est jumelé avec Ouvrir les Yeux, le poème qui ouvre mon second album de poésie que je continue encore à l’heure actuelle. Je ne l’ai pas encore évoqué puisque nous avons une longue route de publications à faire avant même d’envisager nous y rendre, mais de fait, il débute là où l’autre se termine.

Évidemment, au moment où je les écrivais, je n’avais encore aucune idée que leur dualité serait à ce point clivante. Pourtant, une fois venu le moment de réorganiser cette collection, il m’a paru évident que deux époques se distinguaient, et que telle était la frontière.

Ce que je trouve encore plus amusant, c’est que ce poème soit finalement un poème d’introduction, donc, sensé présenter une partie. Il m’en a donné, du fil à retordre. Je ne trouvais jamais comment présenter cet arc poétique. Puis, finalement, le texte est venu de lui-même au moment où je m’y attendais le moins.

Il me semble que malgré toutes ces déboires, il présente bien ce qui va suivre.

Sur ce,

Belle Lune,

Wayce Upen Foya

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