[La Fin des Hommes]
Le temps s’est brisé demain ;
Avec ce feu dans mes mains.
La flamme de mon âme,
Et ses brûlantes larmes.
Pourquoi rester cette nuit ?
Le cœur hurle et déchire.
Je contemple mes ennemis ;
Vais-je vraiment mourir ?
Le temps s’est brisé demain ;
Comment sais-je la fin ?
Ils croient que la flamme,
Dans le néant s’estompe.
Demain brandiront leurs armes ;
Espérant que je me trompe.
Comment donc le saurai-je ?
Puisque demain s’abrège…
Le temps s’est brisé demain.
La flamme, brûle ou s’éteint ?
Le vent emportera les braises,
Cela nous mettra bien à l’aise.
Ils ont tué le monde,
Ne voyant que la fin :
Cette inconnue qui gronde,
Et la peur du destin.
Et si demain restait là…
L’Humanité sombre ;
Et ce soir mon cœur est las,
Envahi par les ombres.
Je sais quelle était ma vision,
De cette foule perdue ;
Seule était la condition,
Que les Hommes soient confus.
Pris par un monstre de peur,
Qui fit ressortir l’animal ;
Les fit sombrer dans le mal,
Et détruire ces terres qui sont leurs.
Finalement, demain se lèvera ;
Les survivants iront au pas.
Ils ont détruit le monde, leur résidence.
Mon âme se perd, loin de l’éternité.
Plus aucun répit n’aura l’Humanité,
Consumée de sa propre repentance.
Ce soir, le temps, de plus belles renaît,
Alors que s’étiolent les êtres prédateurs.
Sur cette immense Terre désolée.
Mon âme s’efface et je meurs,
Enfin, de la démence s’éteint le feu.
Demain se lève sous mes yeux.
Je n’ai aucune idée de ce qui m’a pris lorsque j’ai écrit ce poème. En toute sincérité, je n’ai jamais su quoi en penser.
Il n’est pas exécrable, mais il souffre de beaucoup d’imperfections. Le principal problème qu’il incarne, d’après moi, c’est qu’il est beaucoup trop ambitieux pour ce qu’il représente.
Je veux dire, nous sommes à la rentrée de ma Seconde, je n’écris abondamment que depuis quelques mois, il est évident que je n’ai pas un niveau stratosphérique.
Or, à ce moment-là, je me lance dans un poème ambitieux : un propos presque engagé, des concepts généraux très vagues. On se veut dénonciateur sans vraiment maîtriser un sujet… Ce qui donne, en résultant, un poème surtout pompeux, lourd et répétitif. L’absence quasi-totale de lyrisme et le ton moralisateur n’aident pas non plus le navire à rester hors de l’eau.
En somme, nous nous retrouvons face à un texte qui n’a rien à dire. Il n’est pas aussi puissant et émotionnel que les autres, car justement, il ne parle pas d’un sentiment ou d’un mal-être. Alors que c’est le cas de la grande majorité des poèmes que j’écris. Même lorsqu’ils sont travaillés et retravaillés, j’arrive à les écrire sur une assez courte période pour rester baigner dans le ressenti que je veux transmettre. Les rares que je termine après-coup sont, en général, suffisamment avancés pour me remettre dans le bain avec une relecture. J’utilise souvent le terme « cristalliser une émotion » pour parler d’un poème. C’est ce qui me paraît être la description la plus adéquate.
Il m’arrive également de me pencher sur des variantes que je dirais plus « épiques » ou « expérimentales », mais encore aujourd’hui, ce type d’exercice me donne du fil à retordre. Alors, à quinze ans, il aurait été difficile de prétendre à mieux.
J’arrive à trouve dans cet écrit des idées ou des vers qui me plaisent, mais le tout me donne l’impression d’un poussin se vautrant en essayant de voler. Il fait partie d’un corpus dont j’ai envie de créer des « Partie 2 » en reprenant ce même propos mais avec une technique meilleure à l’époque. Le fait de façonner ces textes à tête reposée, loin de l’émotion, me permettrait peut-être aussi de produire quelque chose de plus réfléchi, avec des figures plus travaillées… bref, encore un énième projet sur cette liste déjà bien longue.
Sur ce,
Belle Lune,
Wayce Upen Foya