Octobre 2013
[Le Manque]
Sombre, noir, tout est éteint ;
Prisonnier, déchiré, restreint ;
Mes pensées ne s’envoleront pas plus haut,
Pas plus haut que cette absence de mots.
Le cœur, palpitant, arrache,
Des souffles courts, des frissons glacés.
J’aimerais mieux côtoyer le brillant de la hache,
Plutôt que d’ainsi végéter.
Pourquoi le silence est-il si inquiétant ?
Pourquoi je retrouve des peurs d’enfant ?
Pourquoi le manque de tes lettres,
Éveille en moi un tel mal-être ?
Quel est donc ce jeu ?
Seulement parce que je suis soucieux…
Au-delà de la distance qui nous ronge,
Dans le néant, ce manque me plonge.
Le Manque est un paradoxe dans l’évolution de mon écriture. Bientôt deux années se seront écoulées depuis que j’ai commencé à écrire, à rimer. Des textes ambitieux, plutôt réussis, comme À Feu et à Sang ou Chant du Large ont enfin vu le jour. On s’attend alors à ce que je me sois amélioré, à ce que mes productions soient exemptes, non pas de tout défaut, mais de ceux que j’ai réussi à évincer dans mes derniers essais.
Pourtant, en lisant ce poème, j’ai surtout l’impression qu’il date d’avant. Les rimes sont clichées, les images bateau peinent à évoquer quoi que ce soit et on perçoit très facilement la difficulté qu’ont eu ces vers à sortir de terre.
Ai-je à ce point régressé ?
Oui et non.
D’un côté, il y a eu, dans l’histoire de ce recueil, des périodes où le manque d’inspiration et de pratique se faisaient clairement ressentir. Néanmoins, ce texte-ci souffrait d’un autre mal, qui est venu s’ajouter à tout ça.
Lequel ? Le défouloir.
Ce poème n’est pas fait pour être beau, ou pour plaire. S’il est exempt de véritable figure de style, c’est parce que le travailler, voire le retravailler une fois achevé, n’a jamais été une option. Ce bref chapelet de mots n’était là que pour vomir une émotion dérangeante. Un fois fait, plus besoin de s’en soucier.
En réalité, ce qui me pose question, plus encore que la qualité de la plume, c’est le choix que j’ai fait à ce moment de le garder dans le corpus alors que d’autres poèmes « défouloirs » ont été dégagés sans plus de considération.
Peut-être fallait-il simplement se souvenir de cet instant maudit de l’existence. Un parmi d’autres.
Sur ce,
Belle Lune,
Wayce Upen Foya