Saute-moutons
Je m’étais mis en tête la semaine dernière de publier une première critique de texte pour débuter un nouveau format tout en cassant la monotonie des chaînes de poèmes comme articles hebdomadaires, pour lesquelles vous connaissez désormais mon aversion.
La critique en question était déjà assez avancée du fait de quelques heures trouvées à y consacrer au détour d’une journée un peu moins dense que les autres. Néanmoins, comme dans le cas de beaucoup de mes projets, on reconnaît souvent une période de disette après un tel démarrage en trombes. L’objectif d’en faire un article prévu pour une semaine précise était un bon moyen de me redonner un cadre dans lequel fignoler le tout pour le rendre lisible.
Oui mais c’était sans compter sur une autre date butoir peut-être un poil plus exigeante : un concours mensuel auquel je m’étais inscrit et qui devait logiquement se clore le 28 février.
Dans la foulée, je me dis que j’allais remplacer les quelques pages de critiques par le plus classique des poèmes pour substituer à la quantité de travail restant un post-scriptum d’une page tout au plus. Malheureusement, face à l’urgence de la clôture du concours, ce dernier prit toute mon attention.
La question suivante était : vais-je tenter de rattraper cette semaine de retard lors des jours qui suivent ?
Vous le savez, je suis assez tatillon sur la régularité des publications, au point qu’aujourd’hui encore je bosse sur des articles de l’année dernière pour que le site présente une meilleure unité à l’avenir. Pour m’autoriser à faire sauter un article, il me fallait une bonne raison. Or, si cette introduction se déroule sous vos yeux, c’est que cette raison s’est trouvée.
Je savais d’ores et déjà que j’allais, pour cet article-ci, publier ledit texte de concours puisqu’il venait de se clôturer et que, quitte à passer un mois (et un rush final) à écrire un texte, autant qu’il me serve de contenu pour une publication. Et comme vous allez pouvoir en juger, ce texte est bien plus long que ce que j’ai l’habitude de publier ici. Disons tout simplement que son format est plus proche de ce à quoi j’aspire pendant mon année blanche, que de ce que je peux me permettre à l’heure actuelle.
En d’autres termes, n’importe quel autre texte de cette longueur aurait ordinairement fait l’objet d’un découpage et d’une publication étalée sur plusieurs semaines. Pourtant, son unité est ici assez cruciale puisqu’il s’agit d’un texte de concours, qui plus est de théâtre.
Cela a pour conséquences que la publication d’aujourd’hui est bien plus dense que ce que j’ai l’habitude de proposer, et ce même sans compter l’habituel décryptage du texte (qui ne sera pas court, je le pense).
Or, comme le but n’est pas non plus de m’auto-noyer sous les impératifs d’écriture au point de ne plus respirer, j’ai choisi de considérer que cet article dont le texte a requis mon temps d’écriture de la semaine dernière allait, de par sa densité, compter à la fois pour la semaine dernière et pour celle-ci (si tant est que j’arrive à la poster à l’heure).
Concours de Février
Comme évoqué ci-dessus, le texte qui va suivre a été écrit en réponse à un concours proposé par une autre auteure qui tien elle-même son site, sur lequel vous retrouverez toutes les informations relatives à l’exercice :
Je vous invite évidemment à faire un tour un peu plus détaillé des textes disponibles (au cas où la carence des miens pèserait lourd sur vos cœurs), mais le lien ici présent vous emmènera directement sur la page relative aux concours afin de prendre connaissance des contraintes qui ont motivé l’absurdité de l’œuvre ci-après. Et pourquoi ne pas vous-même guetter la venue d’un nouveau défi d’écriture dans lequel vous lancer ?
J’insiste un peu sur le fait de se renseigner au sujet du concours avant d’entamer la lecture de la Saynète que je vous propose. J’aspire évidemment à ce qu’elle soit lisible de façon indépendante du sujet, et je pense qu’elle l’est en majorité, mais il y a peut-être une légère saveur d’exagération qui vous échappera si vous ne connaissez pas toutes les règles implicites. Enfin, je cherche surtout à écarter ce petit nuage qui pourrait flouter votre appréciation : le texte seul a une dimension excessive qui peut exaspérer, j’oserais même dire qu’on fleurte dangereusement avec de la masturbation intellectuelle. Là où cette lourdeur potentielle s’allège voire même se sublime, c’est dans le contexte du concours.
Néanmoins, comme je ne peux vous obliger à rien, je vous laisse vous faire votre propre avis avec ou sans contexte — mais toujours avec du sel.
Incarnons l’audace
« Au Sens Littéral »
Un tableau à craie est posé à Jardin, avec écrit dessus « Philosophie — composition — 4h — Qu’est-ce que l’audace ? ». Devant le tableau, un grand bureau de professeur avec un gros sablier et une pile de copies d’examen posée dessus. Face à celui-ci, plusieurs bureaux d’écoliers sont espacés les uns des autres comme on le fait pour un examen. Sur la rangée de devant, Haru et Tam sont à des places côte à côte. Wayce, quant à lui, est à une place proche mais pas dans l’alignement. Près de l’entrée à Cour, un triangle (l’instrument de musique) est suspendu face au public. Prof arrive depuis Cour et fait tinter le triangle de façon rythmique et ordonnée comme si c’était une sonnerie d’école. Il avance ensuite vers le tableau en posant des copies sur l’une des rangées de bureaux comme s’il distribuait depuis le fond de la classe. Une fois à son bureau, Prof pose son paquet de copies avec les autres, prend le sablier sur le bureau et joue avec pendant qu’il s’adresse aux élèves.
Prof.
Surtout, gardez bien en tête, comme l’a dit un jour Aristote : « Vous êtes tous très cons, mais ça va le faire. » Enfin, je pense qu’il s’adressait surtout à toi, Haru, mais il est bon pour toute la classe de se prendre une bonne claque d’humilité. Bon, assez rigolé, commençons ! (il retourne le sablier et va s’asseoir à son bureau)
Après avoir griffonné quelques mots sur sa copie, Haru se lève théâtralement et tend sa feuille en direction de Prof.
Haru.
L’audace, c’est ça !
Prof. regarde la copie, puis Haru, perplexe
Pardon, qu’est-ce que tu crois que t’es en train de faire, là ?
Haru.
J’ai fini, monsieur.
Prof.
Tu as fini ? Trois minutes après le début de l’épreuve ? Tu ne t’es pas trompée en écrivant ton prénom, au moins, ce serait dommage de perdre tes deux seuls points.
Haru.
Mais non, c’est parce que j’ai fait un coup de maître.
Prof.
Un « coup de maître » ?
Haru.
Oui, comme aux échecs ! Celui qui met l’adversaire en échec, justement.
Prof.
Si tu prends le cours de philosophie pour une partie d’échecs, ne t’étonne pas que ce soit ta scolarité qui finisse en échec.
Haru.
Mais c’est les autres élèves que j’ai mis échec… et mat ! Personne ne peut rivaliser avec ça.
Prof.
Tu penses vraiment mettre les autres en échec juste en écrivant « L’audace, c’est ça » en gros sur ta copie ?
Haru.
Avouez, c’est quand même sacrément de l’audace, de faire ça.
Prof.
C’est surtout du culot de croire que tu vas récolter autre chose qu’une annotation « copie blanche » dans ton bulletin.
Haru.
Mais monsieur, j’ai vu ça à la télé, il y a deux ans, un gars a fait ça au bac de philo et il a eu genre 18.
Prof.
Et si tu vois qu’un gars a eu 18 au bac en sautant d’un pont, tu vas le faire aussi ? Déjà, s’il était tombé sur moi comme correcteur, j’aurais pris deux minutes pour le remettre en place. Deuxièmement, c’était sur le thème du courage et pas de l’audace et, comment dire… autant prendre le risque de se taper zéro sur une épreuve aussi cruciale que le bac de philo, je peux trouver ça courageux, autant piquer une idée déjà éculée pour éviter d’avoir à se creuser la tête plus de cinq minutes, je suis un peu moins convaincu.
Haru.
Justement, monsieur : le premier qui utilise cette technique, il est courageux… et le second, il est audacieux.
Prof.
Calme-toi, parce que « audacieux » c’est le nom d’un taco chez le fast-food du coin, et ensuite, le zéro sur ton bulletin trimestriel tu vas voir s’il n’est pas audacieux, lui aussi.
Haru.
Je ne comprends pas votre réticence, monsieur, c’est quoi toute cette négativité ? pour une fois que je fais un effort de créativité…
Prof.
Avoir de l’imagination pour pas bosser, ça on ne peut pas te l’enlever ; mais tu ne peux pas créer un truc, l’appeler « audace » et considérer que c’est de l’audace parce que tu lui en as donné le nom.
Haru.
Et pourquoi pas ? Y’a bien des gars qui chient sur des toiles et c’est de l’art parce qu’ils ont décidé de l’appeler comme ça.
Prof. soupire, consterné
Franchement, Haru, il y a des fois où je me demande comment des choses aussi sensées peuvent sortir de ta bouche. Si j’osais, je dirais que c’en est presque audacieux de la part de ta bêtise d’être parfois à ce point pertinente.
Tam. se racle la gorge pour attirer l’attention des deux autres
Vous savez ce qui est audacieux ? C’est de nous péter les couilles à débattre pendant que certains se font vraiment chier à composer quelque chose.
Wayce.
Désolé de vous interrompre, tous, mais puisque tout le monde se permet d’intervenir et qu’on parle justement de concept où c’est écrit dessus, j’ai quelque chose à vous montrer. (il désigne Cour)
Un nouveau personnage entre par Cour avec une pancarte autour du cou où est écrit en gros « Audace ». Audace fait tinter le triangle de façon complètement erratique avant d’avancer vers les autres personnages.
Prof.
Toujours plus.
Wayce.
Bon, je sais, on est un peu au-delà de la simple dissertation écrite, mais j’ai pas pu m’en empêcher, je trouvais que ça ajoutait un certain cachet. « Qu’est-ce que l’audace ? » C’est ça, pardi !
Wayce s’est levé et, tout en restant à sa place, désigne le personnage qui vient d’entrer avec des bras grand ouverts et une certaine fierté.
Audace.
Salut les merdeux.
Prof. jauge Audace de haut en bas avec un certain mépris
C’est pas une gamine mal élevée avec une pancarte qui va répondre à « qu’est-ce que l’audace ? »
Wayce.
Eh bien, en fait, si, parce que cette gamine mal élevée, c’est littéralement l’Audace.
Prof.
Comment ça ?
Wayce.
C’est pas quelqu’un qui joue le rôle de l’audace… enfin, si, parce qu’on est au théâtre… mais ce que je veux dire, c’est que dans la diégèse de la pièce, cet être face à vous est vraiment l’incarnation de l’audace. Le personnage représenté sur scène est la personnification de l’audace.
Prof.
Te fous pas de moi, hein. T’as pris la première gamine que t’as croisée dans la rue et tu lui as collé une pancarte sur le dos et t’essaies juste de nous enfumer avec ton blabla de néo-dramaturge sous crack.
Wayce.
Techniquement, vous ne devriez pas faire référence à la pancarte puisqu’elle fait partie de la caractérisation du personnage aux yeux des spectateurs et non de la caractérisation de l’individu au sein de l’histoire représentée.
Haru. en aparté, à l’attention du public
Bizarrement, je sens comme un début de mal de tête planer au-dessus de cette scène, pas vous ?
Wayce.
Brecht a dit que pour que le théâtre reste un art représentatif et que le public ne soit pas confondu par l’illusion de la mise en scène, une caractérisation de personnage peut se suffire à travers une simple pancarte. Or, Brecht est la figure théâtrale à laquelle j’ai prêté allégeance, il est donc la divinité suprême des personnages que nous sommes. Si je décide que ce personnage (en désignant Audace) est l’Audace, alors ce personnage l’est. C’est un peu ça, la magie du théâtre. Cependant, cette caractérisation se fait à l’attention des spectateurs, et si elle est remarquée par l’un des personnages, elle s’inscrit de fait dans l’histoire et plus uniquement dans son contexte. La question qui se pose ensuite est : peut-elle encore être une structure extradégiétique ?
Prof.
C’est dingue, tu me ferais presque regretter d’être prof de philo.
Wayce.
Vous-même en tant que personnages n’êtes pas censé voir cette pancarte, parce que sinon ça veut dire que la pancarte fait partie de l’histoire, et ne permet plus de caractériser efficacement le personnage dans un contexte extradiégétique ; ce qui m’oblige à ajouter une tirade dans ma propre pièce, au personnage supposé me représenter, afin que celui-ci explique au spectateur que même si l’un personnages voit la pancarte — ce qui constitue déjà un affaiblissement du quatrième mur — celle-ci reste bien un élément de contexte et non d’histoire. L’ajout de cette tirade faisant alors littéralement s’effondrer le quatrième mur, plus encore si elle fait référence au concept de quatrième mur. (au public) Les plus pertinents d’entre-vous auront remarqué que je déclame en ce moment-même la tirade en question.
Tam.
Sauf que, si tu inclus dans l’écriture même de ta scène un élément supposément extradiégétique et que celui-ci est dans une tirade — soit dit en passant, l’élément de diégèse par excellence au théâtre — et non dans une didascalie prévue justement pour introduire un contexte, alors cet élément devient un élément diégétique. Le quatrième mur est d’ailleurs prévu pour conserver la structure de la diégèse même lorsqu’elle est confrontée à des éléments externes à l’histoire.
Wayce.
Une réflexion très pertinente de ta part, Tam. C’est justement un point que j’apprécie énormément en théâtre, et sur lequel je travaille depuis de nombreuses années. Je suis heureux que ta remarque nous mène à ce genre de réflexion pour me permettre d’exposer ma philosophie sur la question. Tu sais, c’est presque comme si c’était moi qui avais écrit cette réplique…
Tam. excédée
Sans blague.
Wayce.
Un élément théâtral peut-il être à la fois interne et externe à l’histoire de la pièce ? Est-ce que cela n’incarne-t-il pas l’essence même du théâtre ? le premier des arts où les gens ont eu l’idée de transcender la barrière de la fiction pour inclure l’univers du spectateur à celui de l’histoire tout en conservant une frontière floue entre les deux.
Prof.
T’as l’intention de faire cours ou c’est comment ?
Wayce.
C’est ce qu’on peut appeler le méta-théâtre : du théâtre théâtralisé au sein même de l’histoire d’une pièce de théâtre. Évidemment, c’est pas nouveau, mais j’ai à cœur de pousser le vice et la réflexion jusqu’à son paroxysme, histoire de voir le genre de pièce de Frankenstein qu’on peut fabriquer avec cette philosophie. Vous imaginez, ce texte est presque comme une bande-annonce pour mes propres travaux.
Tam.
Donc j’ai pas rêvé, t’es bien en train de faire ta pub sur mon concours d’écriture, là ?
Prof.
Tout ça c’est bien gentil, mais j’ai l’impression qu’on s’est un peu éloignés du thème principal, non ?
Wayce.
Si intégrer ma pub de façon logique et naturelle au sein d’une œuvre prévue pour un concours n’est pas assez audacieux à vos yeux, moi je ne peux plus rien pour vous…
Audace.
Non mais, vous embêtez pas, on va faire plus simple. (elle enlève la pancarte et la jette par terre) C’est plus clair comme ça, non ?
Prof.
Je ne suis pas sûr de tout saisir, mais n’espère pas avoir une majoration de ta note en sortant un truc comme ça de ton chapeau.
Wayce.
Vous savez, moi, je fais tout ça pour la beauté de l’art, hein. Les notes ça me passe au-dessus.
Tam.
Sinon, ça vous dit pas de revenir à la dissertation ou au moins de fermer vos gueules ?
Haru.
Mais attends, Tam, c’est purement et simplement de la magie ! C’est genre la représentation même du sujet de dissertation. Vous imaginez, répondre à un sujet de composition avec le concept même de ce sujet. Ou non, attendez, attendez, j’ai encore mieux ! Imaginez utiliser quelqu’un comme elle (en désignant Audace) pour répondre à un défi encore plus précis, du style…
Wayce.
Un défi d’écriture qui s’intitulerait « Incarnons l’Audace » ?
Haru.
Exactement !
Tam. se tourne vers Wayce, exaspérée
Franchement ? Va te faire foutre.
Audace. qui essaie de faire retomber la pression en s’interposant
Ne voudriez-vous pas que nous allions voir un concert de Keen’V, tous ensemble, pour resserrer nos liens nouvellement acquis ? (elle se fait totalement ignorer)
Haru.
Bah, pourquoi t’es méchante avec lui, Tam ? Il a pourtant des bonnes idées.
Tam.
Il voudrait surtout que ses bonnes idées lui assurent des points en plus lors de la délibération du jury du concours.
Haru.
Mais de quoi tu parles, Tam ? On est sur un examen, là, pas un concours. Par contre, si tu veux organiser un concours sur ce thème, je suis partante !
Wayce.
Non, t’inquiète pas, Haru, elle fait juste une poussée de fièvre extradiégétique.
Haru.
J’ai pas compris ce qui ne va pas dans votre histoire.
Wayce.
C’est normal, parce que jusqu’ici t’es la seule d’entre nous à être limitée. Enfin, pas au sens insultant du terme. Je veux dire, tu es le seul personnage à ne pas encore avoir outrepassé le quatrième mur.
Haru.
Comment ça, « outrepasser le quatrième mur » ? Y’a eu un défaut de maçonnerie ?
Prof.
Toujours aussi navrant, ma pauvre Haru.
Wayce.
C’est pas de sa faute, elle a été écrite comme ça.
Haru regarde les autres pendant leurs échanges, l’air complètement perdue.
Haru.
J’ai pas bien compris vos tergiversations. Je voulais juste dire que si tu fais intervenir un personnage qui représente l’audace pour répondre à un sujet comme « incarnons l’audace » c’est du génie, c’est genre le sujet mais au sens littéral.
Wayce.
Je te comprends, Haru. On pourrait même pousser le vice encore plus loin et faire que le texte en question ait pour titre « Au Sens Littéral ». Comme ça ce serait « Incarnons l’Audace — Au Sens Littéral » et dedans, on incarnerait l’audace au sens littéral.
Tam. agacée
C’est bon, on a fini, ou tu comptes démonter minutieusement chaque ressort narratif mis en place dans le texte pour bien mettre en évidence la raison pour laquelle ça a été écrit comme ça et nous faire savourer toute la splendeur de ton génie ? Tu vas finir par arrêter de me prendre pour une enfant alcoolique et de me tenir par la main ?
Wayce.
Jouer avec le quatrième mur, c’est quand même un procédé d’écriture vachement audacieux, non ?
Tam.
J’aurais jamais pensé que t’arrives à me dégoûter du concept d’audace aussi rapidement…
Audace.
Et si on regardait la saison huit de Games of Thrones dans la joie et la bonne humeur ? Je sais pas vous, mais moi j’ai adoré !
Haru. en regardant Audace
Désolée de te décevoir, Wayce, mais ça c’est pas de l’audace, c’est carrément surnaturel.
Wayce.
Alors, techniquement, le surnaturel, je l’ai déjà traité dans une autre pièce, mais…
Tam.
Oui bon, ça va la pub, maintenant. Y’a pas écrit « panneau publicitaire » sur mon front !
Audace.
Les français qui ne se vaccinent pas, moi, je les emmerde !
Wayce.
Houlà, non ! C’est peut-être un peut trop audacieux, là. Évite les polémiques, s’il te plaît.
Audace. avec un air candide, comme si on lui proposait une friandise
Les polémiques ? (fait mine de réfléchir un instant) Vous voulez parler d’écriture inclusive ?
Wayce.
Oh mon Brecht, j’ai créé un monstre !
Prof.
Cette situation me donne envie de citer Don Rodrigue :
« Ô dace, ô désespoir, ô diégèse ennemie ;
N’ai-je donc tant vécu que pour cette litanie ? »
Tam.
Attendez, monsieur, vous allez pas vous y mettre aussi ?
Prof.
Hé ho ! ça reste ma salle de classe, jeune fille !
Tam.
Sauf que vous êtes dans mon concours d’écriture et que ça commence vraiment à devenir n’importe quoi.
Wayce.
J’imagine que ça sert à rien de préciser qu’on est dans ma pièce de théâtre ?
Prof.
Ah mais il fallait le dire tout de suite, que ça gênait tout le monde, un prof qui essaie de faire son travail. Puisque c’est comme ça, vous aurez tous zéro ! Non mais !
Prof s’en va à Cour, furieux, en balançant les copies sur son chemin. Avant de sortir, il fait sonner le triangle.
Tam.
C’est déjà suffisamment dur à gérer entre l’autre qui ramène sa science du théâtre à deux balles et la dégénérée hystérique qui essaie de cracher des one-liners tous plus glauques les uns que les autres.
Haru.
« Dégénérée hystérique » t’y vas un peu fort, Tam. Moi je la trouve cool, ce serait pas sympa de la vexer.
Tam.
Je ne suis pas convaincue qu’un concept aussi abstrait que l’audace comprenne le principe de vexation, Haru.
Audace.
Je suis pas venue ici pour souffrir, OK ?
Audace regarde Tam, se vexe, et sort à Cour, la tête basse, en chouinant. Avant de sortir, elle fait sonner le triangle.
Wayce.
Concept ou pas, ça ne nous ferait pas de mal d’être gentils avec elle.
Haru.
Franchement, tant de méchanceté, vous étonnez pas que les concepts finissent par détester les êtres humains. C’est votre faute si la Dépression cherche à conquérir l’humanité, vous m’entendez ? (en criant) Votre faute !
Haru sort à la suite de l’Audace pour aller la réconforter. Avant de sortir, elle fait sonner le triangle.
Tam.
Comme dit le proverbe : « Gentil n’a qu’un œil, le mien reste ouvert. »
Tam et Wayce se figent sur scène, le rideau commence à tomber puis s’arrête dans sa course.
Tam.
Attends, ça finit vraiment là-dessus ? J’ai comme l’impression de me faire arnaquer…
Wayce. en haussant les épaules et commence à partir à Cour
Bah, fallait mettre plus de caractères possibles dans les consignes.
Tam suit Wayce en lui disant d’arrêter de râler à propos du nombre de caractère et de ne penser qu’à ça. Avant de sortir, ils font sonner le triangle. Pendant leur fuite, le rideau finit de tomber.
Sur ce,
Belle Lune,
Wayce Upen Foya