Poème #15 – À Feu et à Sang
Image par Engin Akyurt de Pixabay

Poème #15 – À Feu et à Sang

[À Feu et à Sang]

Il y a là sur ses poignets,

De ses maux, les reflets.

Il y a le soir dans notre ciel,

Tant d’étoiles qui étincellent.

Sur une lame couverte de sang,

Quelques infâmes sentiments,

Sur cette lame amère,

Une douleur éphémère.

J’en vois qui partout brillent,

Et tant d’autres qui vacillent.

Je contemple leur lumière,

La chaleur qu’elles m’offrent sur Terre.

Elle pleure, elle ne s’arrête pas.

Elle hait le monde qu’elle effleure,

Elle tourbillonne, elle frissonne, elle a peur,

Elle se meurt, oui, maintenant elle s’en va.

Mais parmi toutes ces lucioles,

Qui plus loin que mes rêves volent,

J’ai beau chercher, les compter chacune,

Même minutieux, voilà qu’il m’en manque une.

Elle est nue, et elle se sent si bien comme ça,

Quand tout son être a été mis à bas,

Quand l’eau chaude qui la recouvre,

D’un rouge mauvais et éclatant se couvre.

Mais enfin, n’ai-je pas assez bien veillé ?

Pour que l’une d’entre-elles nous soit enlevée ;

Pour que parmi tous ces trésors,

Il y en ait une qui s’en aille au dehors.

En fermant les yeux, elle l’oublie,

Même si depuis longtemps tout est fini.

Allons, bon Dieu, où est-elle ?

Je crie, je cours, je l’appelle.

Il lui a bien volé son cœur,

Et même, amusé, détruit son âme.

Il y a pour toujours une douleur,

A laquelle elle s’enlarme.

Elle me répond enfin, à la hâte,

Et dans un dernier soupir, elle éclate ;

Dans une dernière braise, je la vois sourire,

Ainsi donc, ô grand cruel, je la regarde mourir !

Sur cette néfaste Terre et dans notre beau ciel,

Celle qui de toutes, nous trouvions la plus belle ;

Dans un dernier songe, un ange est venu l’enlever,

Dans un soir de lumière, elle s’est laissé aller.

Dans la plus silencieuse complainte,

Une de nos Étoiles s’est éteinte.

S’il existe des poèmes anciens, infantiles, que je parviens malgré tout à apprécier, on peut alors dire que celui-ci en fait partie. Peut-être même est-il l’un des premiers, pour ne pas dire l’un des rares. Paradoxe d’ironie, il date quand même de 2012, cette année maudite que je ne cesse de dénigrer.

Alors, je n’irai pas jusqu’à dire qu’il défie mon niveau actuel – bien que, si je continue à ne pas pratiquer, ce sera une issue envisageable. Cependant, fort d’un concept un peu plus original que les autres, il apporte sa pierre à l’édifice. Comme j’en débattais auparavant, les vers qui cristallisent une émotion sonnent plus vrais, ceux qui découlent d’une contrainte technique ou d’une règle imposée par jeu proposent un meilleur rythme et souvent une structure plus agréable. Ainsi donc se révèle une première création visant à allier ces deux facettes lyriques autant que j’en fus capable à l’époque.

Je mentirais si je défendais bec et ongles que le principe des deux voix, qui fait l’essence même de cette création, était un choix conscient de mise en forme. À vrai dire, je ne sais plus vraiment. Je ne pense pas m’être réveillé un beau matin en déclarant : « Tiens ! si je créais une poésie dans laquelle s’entremêlent deux récits qui pourraient au final n’en faire qu’un si l’on considère que l’un comme métaphore de l’autre. » Je le sais, notamment parce que dans cette période de ma vie encore très exploratoire je ne visais pas la naissance de strophes codifiées. En revanche, il est tout à fait possible qu’après avoir couché quelques lignes sur le papier, j’aie constaté le potentiel de dualité. Pour finir par en jouer lorsque j’envisageais la construction finale du texte.

Nous parlons d’ailleurs d’un concept d’écriture que je n’ai jamais repris par la suit, alors qu’il pourrait être poussé à l’extrême. Imaginons construire deux poèmes complètement indépendants mais qui contiendraient une strophe commune ; faisant germer l’idée que l’on puisse les rassembler en un seul pour découvrir un troisième écrit. Cela pourrait aussi se faire en découpant correctement celui-ci et en isolant chacune des moitiés ; mais ce n’est pas sous cette intention que ce produit a vu le jour. Pour le respect que j’éprouve encore à l’égard de ce moi passé, qui, cette fois-là, a su mêler une bonne intuition avec la juste inspiration, le but n’est pas de disséquer son travail pour assouvir mes fantasmes de pseudo-ingéniosité… que je n’envisageais même pas à cette époque.

Ce que je peux conclure, en revanche, – et comme à chaque fois – c’est que je languis toujours plus le jour où je prendrai le taureau par les cornes et consacrerai à la poésie le temps et les efforts qui lui sont dus. Il se pourrait bien qu’à ce moment, je me mette en tête de réessayer de telles originalités, et d’en essorer le concept jusqu’à la moelle.

Sur ce,

Belle Lune,

Wayce Upen Foya

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