Poème #30 — Te parler
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Poème #30 — Te parler

23 Avril 2012

[Te parler]

                  Et si le temps s’arrête ?

                  Le monde sera-t-il plus net ?

                  Figé dans le néant,

                  Sans savoir comment.

                  Et aux yeux de qui ?

                  Puisque personne ne vit.

                  Ou ne meurt non plus.

                  Le temps peut s’arrêter,

                  Tout le monde sera alors stoppé,

                  Et pas un seul ne l’aura connu.

                  On ne le saura pas.

                  Alors le monde ne s’effondrera pas.

          Mais, moi je me dis,

          Si le temps s’arrête et ne repars pas,

          Moi, je m’arrête ici,

          Figé avec mon cœur las.

Le problème, tu vois,

C’est que je n’aurais pas fini.

Je ne te le cache pas,

Je n’ai pas vraiment tout écrit.

Et si tu es des personnes que j’attends,

Je ne peux pas m’arrêter un instant,

Parce que si demain s’arrête le temps,

Si demain s’arrêtent mes sentiments,

Peu importe ce qu’il en est,

Il faut qu’avant, je t’aie parlé.

Te parler est, comme vous vous en doutez, membre de ce club très fermé mais pas si dépeuplé qu’est celui de mes poésies qu’il me peine de partager au grand jour. Encore une fois, la maladresse s’entend lorsqu’on replace les vers dans leur temporalité et face aux balbutiements de la jeune plume. Néanmoins, contrairement à d’autres créations de cette époque que j’ai pu vous présenter dans des articles précédents, ce texte-ci manque un peu de personnalité à mes yeux.

Évidemment, nous pouvons tout de même en retirer quelques réflexions. Ici, l’écrit est plus une forme de catharsis qu’une tentative sur le propos ou l’esthétique comme ont pu l’être Guerre ou Ethernels pour ne citer que des exemples récents. La principale différence entre ce poème et la plupart de ses contemporains réside dans mon détachement presque absolu avec la situation qui a conduit à sa naissance. Or, lorsqu’un de mes textes lyriques résonne encore en moi, même quelques années plus tard, il m’arrive de reprendre quelques maladresses — lors d’une relecture aléatoire — en changeant légèrement le rythme ou le niveau de langue à travers des synonymes acquis dans mon vocabulaire a posteriori. Cette transformation n’est pas anodine, je le sais. Il arrive que ces modifications tranchent avec le style originel du texte en dépit des précautions que je prends, et peut-être même l’avez déjà intuité. Cependant, je trouve que la plupart du temps il s’agit d’un enrichissement non-négligeable au vu de l’évolution de mon style et de ma plume. J’en parle ici car, justement, après sa création, ce poème ne m’a jamais suffisamment réévoqué les raisons de son existence pour que j’aie intuitivement quelque chose à ajouter. Comme il était dès le début une sorte de one shot manquant d’intention et de perfection (dans le sens de finalisation), il aura toujours tendance à faire un peu plus tache que les autres.

Cette création était une de celles que j’hésitais à livrer, il n’y a encore pas si longtemps, peut-être plus par ma timidité relative au sujet que par honte de la technique. En effet, ce que j’assume le moins dans ce texte est plutôt la situation qui a poussé à son écriture que la plume inévitablement maladroite de cette période. Et c’est peut-être parce que je ne me reconnais absolument plus dans ces motivations que je n’ai jamais trouvé l’envie de retravailler, même légèrement, ces vers.

Malgré tout, accepter ce que j’ai pu produire par le passé fait partie de la philosophie de ce site, car je sais qu’il pourra un jour en ressortir quelque chose de positif. Donc, comme à mon habitude, je me donne un petit coup de pied aux fesses pour déposer cet article en ligne et assumer mes débuts.

Aux jeunes auteurs ; je vous encourage à faire de même.

Sur ce,

Belle Lune,

Wayce Upen Foya

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