Poème #22 – Au Secours
Image par Engin Akyurt de Pixabay

Poème #22 – Au Secours

3 Juin 2014

[Au Secours]

Au secours, aidez-moi, pitié,

Je sens que je perds pied.

Au secours, aidez-moi, pitié,

À quoi cela sert de crier ?

Il y a des jours où l’on sait,

Des jours où l’on demande,

Des jours où l’on veut recommencer,

Et des jours où l’on veut se rendre.

Il y a des jours qui sont tendres,

Où l’on pourrait tout faire.

Et puis des jours où il faut se taire,

Et juste aller se pendre.

Parmi les poèmes que je publie au fur et à mesure sur ce site, tous n’ont pas une histoire transcendante, une anecdote autour de leur création qui puisse être convertie en un Post-Scriptum un peu intéressant, forgeant une légende. À vrai dire, même, beaucoup n’en ont pas. Un bon nombre de ces textes sont juste arrivés là, dans un contexte aléatoire si ancien que j’ai parfois du mal à faire la différence entre la vraie histoire et celle que mes souvenirs biaisés m’ont poussé à croire avec le temps. 

Au Secours a une histoire. Courte, loin d’être transcendante, mais elle existe et ne peut être ignorée puisqu’il a failli ne jamais faire partie d’aucun recueil. Alors, quelle est donc cette fameuse histoire ? 

S’il existe un poème dans tout le recueil qui incarne à la perfection le principe de feuille morte, c’est celui-ci. Un soir de Juin 2014, le 3 précisément, je prends mon ordinateur, j’ouvre un fichier word et je balance 12 vers au milieu de cette page blanche, sans réfléchir. J’enregistre le fichier, je le ferme, je le laisse quelque part dans mon dossier d’écriture, et je l’oublie complètement. Je crois qu’à ce moment, déjà, le Recueil de Feuilles mortes est en train de se construire, que le concept existe. Pourtant, je ne l’ai pas classé. Dans mon esprit, à ce moment-là, il ne s’agit que d’un essai, d’une tentative, que je n’ai que moyennement réussi, et qui est destiné à servir de terreau pour une autre production qui reprendrait la même idée mais de façon plus aboutie. Je ne le pense d’ailleurs pas fini : il est court, et même si la dernière strophe est une bonne conclusion, il est probable qu’une ou deux autres viennent se rajouter au milieu pour en faire quelque chose de correct. 

Seulement, je l’ai tellement bien mis de côté que j’en suis arrivé à l’oublier. Déjà, chose très singulière à l’époque, il n’existe qu’en version numérique. Je l’ai écrit directement sur l’ordinateur, sans passer par une étape papier comme je le fais d’ordinaire. Ce détail à son importance, car de fait il n’est pas présent dans la version physique du corpus – puisque je n’ai pas pensé à l’imprimer – qui est celle que je relis parfois pour me réinspirer, et qui me permet de garder en tête mes créations voire de les retravailler légèrement en même temps que mon esprit s’affine. À ce moment-là, Au Secours est perdu dans un dossier de ma clé USB, et il n’est pas près de refaire surface. 

J’ai l’ai oublié à tel point que quand je réédite mes textes je passe devant sans y faire attention. Il faut alors attendre quatre ans et demie, en 2018, pour que je “tombe” dessus – que je cesse de l’ignorer comme un projet avorté, finalement. Je rajoute un ou deux vers qui manquaient à l’ouvrage, peut-être simplement corrigés d’une version brouillonne inachevée, et le voilà fin prêt à intégrer le recueil lorsque je commence à publier celui-ci sur Wattpad. 

Au final, ce texte n’aura jamais eu d’existence physique, imprimée, jusqu’à cette année, où je me suis mis en tête de faire une version physique du recueil en parallèle de sa publication sur le cyndrespace. En réalité cette version physique existe depuis toujours, comme je l’ai dit plus haut, c’est ce sur quoi je me base pour reprendre mon travail. Néanmoins, au fil des années, celle-ci est surtout devenue un énorme patchwork avec des polices et mises en pages toutes différentes, à quoi s’ajoute certains textes uniquement présents sous forme manuscrite. 

Même l’intérêt principal de ce groupement, qui était son exhaustivité, lui fait en réalité défaut. La preuve en est avec ce texte. Donc, ces derniers temps, conforté par le fait que j’ai mis un point définitif à ce recueil et que je sais quelle forme je veux qu’il prenne, je me mets à travailler une version imprimée qui soit plus uniforme. Qui sait, elle pourrait un jour servir de maquette à une future publication ? 

Sur ce,

Belle Lune,

Wayce Upen Foya

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