Poème #16 – À la Folie
Image par Engin Akyurt de Pixabay

Poème #16 – À la Folie

2013

[À la Folie]

Schizophrénie, paranoïa…

Mais la réponse est là !

C’est dans l’antre des fous

Que nous paraissons sages.

Ils accusent le coup,

Car ce n’est qu’un mirage.

Qui de nous deux est le plus sombre ?

Qui de nous deux a fait naufrage ?

De celui effrayé par son ombre,

Ou de celui qui vit de ses mirages ?

Le regard fuyant, le cœur perdu,

Combien de ces messies ont-ils pendus ?

Et pour seule justification,

« Le bien présent de la population »

Mais, n’as-tu jamais regardé,

Entre corps frêles, yeux scintillants,

Ne t’es-tu pas demandé,

Devant ces Hommes aux pleurs d’enfants,

Si ce n’est pas toi le fautif,

Si tu n’as pas le même tarif ?

Pourquoi, celui qui fuit les murmures,

Ne serait-il pas toi,

Au-delà de ces quatre murs ?

Et qu’est-ce qui fait d’un Roi,

Une belle âme encensée ;

Si ce ne sont ceux que l’on voit,

Décrits comme insensés ?

Regarde, tes frères, entre les fouets,

Car notre monde est ainsi fait.

Mais peut-être as-tu tort, lorsque tu penses,

Qu’être sain d’esprit est une chance ?

Schizophrénie, paranoïa ;

Ta réponse… est là.

Cette fois, nous voilà passés en 2013. Je n’ai malheureusement pas de date précise car je n’ai pas toujours eu le réflexe de noter la date de naissance d’une poésie. Néanmoins, on ne prend pas trop de risque en disant qu’elle est révolue, la première année d’écriture. Sans pour autant égaler À Feu et à Sang que je considère encore aujourd’hui comme une fulgurance dans ma croissance lyrique, je ne pense pas me fourvoyer en déclarant que le niveau s’est amélioré tant bien que mal.

À nouveau, si je dois saluer quelque chose dans ce texte, cela concerne la démarche, le sujet. Proposer de prendre le contrepied de la pensée collective en invitant le lecteur à se questionner sur le bien fondé du concept de folie et sur sa propre sanité d’esprit… voilà une idée bien ambitieuse. Certes, un texte un peu plus travaillé aurait permis de prendre le lecteur à revers après une introduction plus classique, sculptant une meilleure chute avec un impact plus fort ; mais je dirais que cette fois le résultat n’était pas décevant outre mesure. Il y a encore des défauts de techniques, tout est un peu trop simplet et naïf, mais nous sommes sur la bonne voie. Peut-être que mon indulgence vient du fait que je n’exigeais pas de cette production la même rigueur et la même qualité que ce à quoi j’aspirais avec La Fin des Hommes par exemple.

Ici, on pose avec entrain une petite idée que me traversait l’esprit, sans vraiment faire cas de la forme. Il s’agit d’ailleurs d’un de ces textes que j’ai le plus retravaillés à posteriori. Je n’ai pas fait de grosse réécriture globale, mais une série quasi-ininterrompue de petites retouches. À l’image des coups de marteau incessants qui s’enchaînent pour mettre en forme un bout de métal. En réalité, rien, lors de sa naissance, ne le destinait à être montré. Il existe des séries de poèmes, voire des textes plus généraux, que je produis tout en étant convaincu qu’ils ne seront jamais dévoilés. C’est aussi ce qui peut expliquer que je n’aie pas noté de date précise. Après quelques temps, parfois un peu de retouches, je finis par les accepter comme œuvre à part entière et je finis par me convaincre qu’il y aura toujours un intérêt à les partager. Il n’est pas forcément question de honte. Il existe des textes que je souhaite expressément partager, je le ressens au moment de l’écriture, et d’autres dont ce n’est tout simplement pas la fonction première… même si la plupart finissent par être lus quand même.

Sur ce,

Belle Lune,

Wayce Upen Foya

Laisser un commentaire