[Rêves]
Cours plus vite,
Sans viser de limites,
Seuls tes rêves,
Obligeront la trêve.
Ne lâche jamais,
Ce que toujours tu as désiré,
Continue d’espérer,
Ne te laisse pas effondrer.
[Euphorie]
L’euphorie poétique retombée,
Garde en elle quelques secrets.
Les rimes qui s’estompent,
Laissent ton cœur se rompre.
De nouveau, tout compte.
Les larmes oubliées remontent.
Mais, heureusement, je sais
Que cela reviendra recommencer.
Un premier jumelage
Aujourd’hui, j’ai décidé de vous présenter conjointement deux petits poèmes. Vous pourriez penser que c’est justement cette taille qui leur vaut d’être jumelés. Ce n’est pas complètement faux, mais, en réalité, ce n’est pas la raison exacte pour laquelle j’ai pris cette décision.
Si je fonctionnais sur ce modèle, sachant que certains de mes écrits font plus d’une cinquantaine de vers, j’aurais tout intérêt à proposer plus d’associations en blocs concernant les plus courts. Nous aurions alors à faire à un sacré regroupement en ce qui concerne le Matin de Janvier et ses petites ballades. Ce n’est pas le cas. Parce que, comme vous vous en doutez, je joue avant tout sur les harmonies et les symboliques plutôt que des choses aussi utilitaires que des longueurs.
Ces seize vers, si je vous les délivre ensembles, c’est avant tout du fait que, depuis leur création, ils ont toujours occupé une seule et même page dans mon recueil. Bien évidemment, ce choix de les faire cohabiter provient à l’origine de leur forme réduite. Cela aurait été criminel d’utiliser pour chacun une page entière sachant que même à deux, ils ne la remplissent pas. En revanche, aujourd’hui, ils sont inséparables à mes yeux.
Je ne passe pas mes journées à relire mes propres créations, mais consulter de temps à autres cette archive me fait du bien. Imaginez donc que, depuis neuf ans, chaque fois que je tourne ces pages, je vois Rêves et Euphorie en tandem. Mon subconscient ne parvient plus à les individualiser, et je pense que j’aurais eu énormément de mal à vous en dévoiler un sans évoquer l’autre.
Au-delà de cette vision pragmatique que représente l’économie de place dans une mise en page, ces deux énoncés ont énormément de points communs. D’abord, je vous parlais dans un autre Post-Scriptum des quelques vers de l’espoir perdus au milieu de toute cette mélancolie qui réside dans Un Matin de Janvier ; et bien en voilà la quasi-totalité. Certes, le poème qui suivra n’est pas complètement morose, mais il porte une forme de double lecture ou de questionnement, et n’est donc pas exempt d’une allure un peu pessimiste. Tandis que Rêves et Euphorie sont ; un mantra pour le premier, qui intime une certaine combativité, et une expérience pour l’autre, qui se conclut sur une note positive : c’est un fait, désormais, l’euphorie poétique reviendra nous soulager. Ainsi, il n’y a pas vraiment de note amère dans ces textes, une singularité qui les unit.
Je pourrais aussi parler du fait que ces deux textes ont la même chronologie. À part l’introduction, tous les poèmes du Matin de Janvier sont nés la même demi-journée – de là vient le titre de cette partie – mais, comme de véritables jumeaux, ces deux-là se sont succédés, quasiment sans interruption.
Si j’étais du genre à spéculer, je dirais qu’ils sont nés de la même bulle lyrique.
Cela expliquerait pourquoi ils sont de tailles semblables et possèdent un fond aux teintes unies.
À vrai dire, personne, pas même moi, ne peut en être sûr… mais je suis ici pour vous raconter des histoires, voilà celle de ces deux cantilènes.
Sur ce,
Belle Lune,
Wayce Upen Foya