Poème #25 — Exhumée
Image par Engin Akyurt de Pixabay

Poème #25 — Exhumée

12 Juin 2016

[Exhumée]

« J’étais jeune et innocente,

Bourrée de volontés indécentes…

Tu m’as mis une balle en pleine tête,

Sur mon cadavre, tu as fait fête.

Mais aujourd’hui, je me relève,

Je suis un maître et plus l’élève…

Et avec cette haine sagement gardée,

Je reviens pour te tuer. »

Exhumée est un des rares poèmes que j’ai écrit en faisant explicitement parler un personnage issu d’une de mes histoires. D’ordinaire, lorsque je me détache du narrateur, celui-ci aurait plutôt l’aspect d’une entité vague qui n’existe que pour raconter ce texte précis, et pas un autre.

Cependant, cette petite série de rimes en est la preuve, il m’est aussi arrivé quelques fois de prendre un personnage précis et d’en faire l’auteur direct de l’écrit. Car en effet, au-delà de son rôle de narrateur, lorsqu’un poème est attribué à un de mes personnages cela veut dire qu’il a été mené à le produire dans le contexte de l’histoire. C’est pour cette raison que ce genre de production est rare : tous mes personnages ne sont pas susceptibles d’écrire de la poésie.

Ici, nous sommes avec Cœur, et Cœur est une poète. Ce que je trouve amusant, c’est que ce trait de personnalité est apparu quasiment à la genèse du personnage. Lorsque j’ai eu créé l’histoire, placé le contexte, les acteurs, il est très vite devenu évident que le protagoniste, Cœur S., serait animée d’un besoin viscéral d’écrire des rimes. Ça n’a absolument rien à voir avec l’intrigue dans laquelle elle se retrouve, ni avec l’univers en lui-même. Il s’agit simplement d’un trait comme un autre qui caractérise le personnage, et en fait, je trouve ça plus intéressant. Cœur ne déclame pas des vers parce que c’est utile à l’histoire, mais parce que ça fait partie d’elle et de sa personnalité.

D’ailleurs, je crois que c’est justement lorsqu’un personnage se définit en-dehors de son histoire qu’il a le plus de chances d’apporter quelque chose et d’être intéressant. Les personnages dont la conception sert l’histoire ne sont pas à bannir, tout dépend simplement de notre façon d’écrire et de ce que l’on souhaite transmettre à travers l’histoire. De mon côté, des individus avec un caractère qui sort un peu du cadre narratif me donnent la sensation d’envergure que je vais avoir tendance à rechercher dans mes écrits : l’événement raconté n’est qu’un événement dans la vie de ce personnage (en tous cas, c’est l’angle d’attaque que j’ai retenu pour Ethernapolis). Néanmoins, selon le trait de caractère qu’on a choisi d’implémenter, cela peut rendre le traitement de l’histoire plus complexe.

Ici, par exemple, c’est une simple fantaisie, facile à implémenter dans le récit. Pourtant, cela va m’obliger à travailler des textes poétiques en plus de la prose du récit pour intégrer cet élément. Ce n’est pas le plus gros des ajouts, mais ça reste un travaille supplémentaire. Alors imaginez lorsque l’auteur fait le choix d’ajouter un trait de caractère obsessionnel qui va par moment bloquer le bon déroulement des événements ? Eh bien, il faut trouver une explication logique ou un contre-événement qui débloque le tout. J’ai énormément de respect pour les gens qui travaillent ainsi.

De mon côté, je crée simplement des personnages un peu poètes.

Sur ce,

Belle Lune,

Wayce Upen Foya

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