Poème #42 — Juste un mot d’amour

Décembre 2011

[Juste un mot d'amour]

N’as-tu jamais regardé ces fleurs ?

          Qui poussent là dans mon cœur…

Ne les as-tu pas vu pousser, lentement et en silence ?

          Pour qu’un jour elles deviennent immenses…

N’as-tu jamais cherché à cueillir l’une d’entre-elles ?

          Pour faire éclater une petite et simple querelle…

N’as-tu jamais essayé de sentir ?

          Ce bon parfum qu’elles peuvent t’offrir…

N’as-tu jamais essayé de respirer ?

          Leurs paillettes dorées…

N’as-tu jamais tenté de contempler ?

          Leurs pétales rosacés…

N’as-tu jamais essayé de comprendre ?

          Ce doux message qu’elles veulent t’apprendre…

          Ecoutes-les, tu verras bien ce qu’elles te disent.

          Ces quelques mots emportés par la brise.

          Voilà ce que j’en écris ;

                    ‘‘Tu embellis ma vie.’’

          Et peut-être dans un soupir,

          Tu entendras des paroles me fuir.

          Mais celles-là, garde-les dans ton cœur,

          Car elles me font encore un peu peur.

          Entends juste ceci ;

                    ‘‘Je t’aime…’’

Juste un mot d’amour est l’un des deux seuls poèmes que j’ai composés antérieurement à notre date référente de Janvier 2012 — je vous remercie de noter que pour une fois, j’ai fait l’effort de donner un chiffre précis et pas de passer par une périphrase approximative dans le style « le cercle très privé des quelques ». Je savais qu’ils étaient relativement peu nombreux, mais je n’avais pas conscience qu’il ne s’agissait que d’un duo solitaire entre lui et Écrire. Alors, je n’exclus pas qu’il y eut d’autres tentatives, peut-être égarées dans une tourmente de 2012 à nos jours, et que j’aurais plaisir à retrouver au hasard d’une fouille ou d’une remise en ordre, mais en attendant, dans ce recueil, ils ne sont que deux.

Comme son ainé, ce texte jouit d’une certaine indulgence de la part de mon esprit critique, même si en termes de dates, il est beaucoup plus proche du Matin de Janvier que ne l’était Écrire. Les deux sont certes humbles et un peu niais, mais pas si mauvais quand on considère qu’à cette époque-là, la construction de vers était encore une activité anecdotique et l’écriture, un vague fantasme.

Concernant son analyse, j’ai assez peu de choses à en dire. Si je devais en sortir un défaut majeur pour le transformer en conseil, je dirais que beaucoup de rimes sont téléphonées. Faire rimer « fleur » et « cœur » a dû être fait des centaines de fois, et les deux mots n’évoquent pas d’idées fortes ni seuls, ni ensemble.

Cette faiblesse dans les rimes est à son apogée dans la deuxième moitié de la première strophe et ses rimes en « é ». Les mots ayant cette terminaison sont parmi les plus courants de la langue française — et ce ne sont pas le gens qui s’emmêlent les pinceaux avec les accords « -er » ; « -ai » ; « -é » ; « -ait » ; « -et » ; etc. qui me diront le contraire — et les rimes avec cette sonorité, en plus d’être souvent assez pauvres, sont considérées comme faciles et évidentes. Si vous cherchez à écrire des poèmes un peu plus travaillés, repousser ces rimes-là est votre priorité. Bien évidemment, on peut en user çà et là, car tout est bon avec parcimonie — ne me demandez-pas qui c’est — mais votre travail sera toujours valorisé si celles-ci sont riches ou suffisantes et ne se contentent pas du son « é ». « respirer » avec « dorées » est ici une meilleure rime que « contempler » et « rosacées » alors que les deux derniers mots sont pourtant plus riches en complexité et en détails.

Au-delà de la forme, le fond est assez banal et reste, je pense, un sujet de prédilection pour les poètes en herbe un peu fleur bleue. C’est à la fois ce qui fait la force et la faiblesse de ce texte : le sujet est presque universel et peut faire écho chez nombre de lecteurs, mais c’est par conséquents un sujet dans lequel il faut être excellent pour se démarquer. Contrairement à un sujet plus /singulier/ ou un thème choquant qui marquerait le lecteur sans trop d’efforts sur la forme ou le choix des mots, s’attaquer à une amourette adolescente exige beaucoup de recherche, même lorsqu’on cherche à paraître simple. La question ici ne se pose qu’à peine quand on sait qu’il s’agit de la deuxième œuvre versifiée de mon existence, mais voilà le regard que je porte aujourd’hui sur ce thème qui est, à mon avis, un des plus difficile à traiter avec justesse.

Je me rend compte à force de post-scripta que c’est véritablement un jeu de décortiquer et critiquer mes propres textes avec le recul que j’ai aujourd’hui. Cependant, il faut bien avouer que sortir des notes d’intention à rallonge du fin fond de l’univers fait un brin mégalo dans un simple paratexte — que voulez-vous, je me prétends écrivain, la mégalomanie, c’est presque une seconde nature. Même si je pense pouvoir prouver à travers mes prochaines critiques allogènes — des travaux qui ne devraient plus tarder à voir le jour — que j’apprécie tout autant disséquer les œuvres des autres, je trouve important d’avoir un avis critique sur les erreurs que j’ai moi-même pu faire et les faiblesses dans mon travail (car on le sait tous, rien n’est jamais aussi parfait qu’il pourrait l’être).

Enfin, tout ça pour dire que je me verrais bien créer une forme de petit « guide » — débordant de cet éternel second degré — de conseils sur l’écriture. Je pense notamment qu’en poésie je pourrais concocter un texte savoureux en reprenant à la fois les grandes lignes des « leçons » scolaires, les expériences gracieusement partagées sur internet, et en y ajoutant une pincée de cynisme via mon expérience personnelle.

Voilà un énième chantier de grande envergure que je n’ai pas le temps — et que je n’aurai peut-être jamais le temps — de mettre en branle, mais c’est toujours suffisamment attrayant pour que je veuille m’y jeter dessus sans aucun recul comme une souris fonçant sur son fromage en dépit du piège qui se referme sur elle.

Quoi… j’en ai encore trop fait ?…

Sur ce,

Belle Lune,

Wayce Upen Foya

Laisser un commentaire