Poème #6 – Toutes ces choses
Image par Jan Haerer de Pixabay

Poème #6 – Toutes ces choses

[Toutes ces choses]

Il y a des choses qui ne s’oublient pas,

Malgré le temps, et ce que l’on croit.

Il y a des choses qui restent là,

Que le vent n’emportera pas.

Toutes ces choses que l’on voit,

Toutes ces choses que l’on vit,

Toutes ces choses que tu as en toi,

Te tueront autant qu’elles te gardent en vie.

Nous voilà sur un poème relativement court et avec un propos plutôt commun – enfin j’en ai l’impression quand je repense à mes lectures – mais que j’apprécie dans sa structure. J’ai de plus en plus tendance à créer des poésies longues et à dénigrer les plus courtes qui n’en disent pas assez. En réalité, réussir à canaliser un propos dans huit vers seulement est un exercice tout aussi gratifiant. Le résultat n’est pas toujours satisfaisant, on est souvent tenté d’en rajouter une couche, mais je me souviens avoir été marqué par certains auteurs qui se contentaient de quelques lignes pour présenter une vérité qui me touchait profondément.

Je crois que c’est une gymnastique et un style d’écriture tout aussi important que les autres. D’ailleurs, j’aime beaucoup produire des strophes de façon spontanée. Cependant, je reste convaincu que des contraintes d’écriture apportent toujours une dimension supplémentaire à l’œuvre. Le rythme quasi-parfait offert par les alexandrins, ou bien la structure très organique du sonnet (avec une part d’exposition, une conclusion en seulement trois vers, etc.) donnent, quand on parvient à les maîtriser, des textes aussi bons en allure que sur le fond. D’une manière plus générale, je me suis déjà servi de la régularité et de son contournement pour structurer un poème et je trouve qu’il n’y a rien de mieux pour appuyer certains propos.

Malgré tout, je ne suis pas un classiciste de l’extrême. Je reconnais que certains textes ne se prêtent tout simplement pas à des règles strictes. Celui-ci, par exemple, au-delà d’être court, n’a absolument aucune ordonnance ; mais en relisant ce genre d’énoncé j’ai parfois envie de tenter de nouvelles expériences de contraintes. Je suis du genre joueur, et comme je vous le disais, écrire un poème en huit vers, c’est tout un monde. Même si à l’époque je ne l’ai pas fait intentionnellement, maintenant que je considère avoir mûri et amélioré mon niveau poétique, ce pourrait être un challenge.

Ce que j’aime dans ce texte, c’est sa chute et la façon dont il s’articule. Au-delà de la détresse qui y est présente, comme je le disais plus tôt à propos de tous les poèmes du Matin de Janvier, j’ai toujours eu la sensation que le propos était universel. En tous cas, dans mon esprit, ce texte résonne toujours avec autant de véracité, même au bout de neuf ans. Je dirais même que le discours ne fait que s’avérer de plus en plus vrai, et même si l’idée d’origine n’est pas joyeuse, je ne considère plus ça comme une fatalité. L’existence est comme elle est, et il faut continuer à avancer quoi qu’il arrive – bon, d’accord, le tout sonne un peu fataliste, mais ce n’est pas sur ce ton que je voulais le présenter.

Sur ce,

Belle Lune,

Wayce Upen Foya

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