Cette semaine 8 était de bon augure. J’y ai écrit ces fameux dix mille mots que je souhaite tant atteindre comme allure de croisière. Peu à peu, j’arrive à prendre des habitudes et à cadrer le processus créatif, ce qui me permet de m’approcher vraiment d’une certaine forme de régularité.
Si je devais relever un seul point négatif cette semaine, je dirais que c’est le fait que ces mots n’ont pas servi à écrire un chapitre. C’est un problème qui, en réalité, n’en est pas un. L’objectif de mettre en place une productivité hebdomadaire est un échelon à gravir bien avant d’envisager de contraindre les raisons pour lesquelles j’écris. Vouloir produire au rythme d’un chapitre par semaine est une très bonne cible, qui me permettra de mener à bien mes projets de romans et autres, mais pour le moment, me contenter d’écrire tout ce qui m’inspire en vrac me permet de remplir le nombre de mots visés. C’est important à mes yeux car c’est à travers ça que je m’habitue peu à peu à me mettre des plages horaires dédiées et à écrire pendant de longues heures, mais aussi plusieurs fois par semaine. J’acquiert donc la régularité qui me servira de base pour le reste.
Je n’ai donc pas beaucoup avancé le corps de mes histoires, mais alors à quoi ont servi tous ces caractères tapés ?
Je crois que vous commencez à en avoir l’habitude : cette semaine j’ai énormément travaillé sur les synopsis de mes histoires. Comme je l’ai déjà dit dans le résumé 7 (donc, je ne redétaillerai pas tout ici), les synopsis sont une très bonne base d’écriture. Il est toujours plus simple de dérouler un récit quand on connait de façon assez précise le chemin qu’il doit suivre.
D’ailleurs, il existe des auteurs (ceux qui suivent la méthode du Flocon de Neige, par exemple) qui passent plusieurs semaines à travailler et développer uniquement des synopsis avant de débuter la rédaction de quelque partie que ce soit. Je ne pense pas vivre dans un extrême opposé, mais je dois dire que c’est très gratifiant d’arriver à mettre en place un fil rouge cohérent. C’est aussi à ce moment-là que certaines idées supplémentaires surgissent et viennent s’intégrer à l’histoire. Comme le dit si bien Randy Ingermanson – le créateur de la méthode du Flocon de Neige – c’est toujours mieux de modifier son histoire alors qu’elle n’est pas encore écrite, plutôt que de devoir changer des dizaines de chapitres à la fin, c’est l’intérêt de la planification.
Cela me permet aussi de me rendre compte d’à quel point mes idées ont mûries dans certains cas, et de voir comment je peux intégrer de façon plus fluide des événements dans la narration.
Malgré tout, même si je suis extrêmement satisfait d’avoir consacré presque 7 000 mots à la mise en place des seules trois premières saisons de The U-Niverse – ce qui signifie que les idées sont cadrées et que l’histoire devrait profiter de meilleurs enjeux et d’une unité accrue – il existe une petite frustration.
Ce n’est pas ce que je fais actuellement, car mon premier souhait est de pouvoir vous fournir régulièrement de petits morceaux d’histoire, mais dans l’hypothèse où je voudrais publier de façon plus directe, si j’écrivais des chapitres il serait alors possible pour moi de vous les livrer en un claquement de doigts (enfin, surtout en un article de blog). Or, ici, je travaille un synopsis. C’est-à-dire, une représentation brève mais exhaustive des événements inclus dans l’histoire. Si vous en veniez à tomber sur ces textes, alors vous auriez en quelques pages seulement le résumé de l’entièreté de la narration. Autrement dit, ces quelques paragraphes peuvent vous gâcher l’appréciation complète de la saga.
Certes, il y a des gens qui se satisfont tout autant de voir comment se produit la mise en forme d’une histoire qu’ils connaissent que de la découvrir complètement. Pourtant, dans des univers tels que celui-ci, je trouve que cultiver le secret, l’inconnu, et laisser les gens faire des spéculations est un point important. C’est aussi une façon de s’attacher à l’histoire, d’apprécier les personnages, et je trouve cela dommage de vous en priver.
Néanmoins, travailler sur le synopsis de la saison 3, je réalise également que c’est prendre du plaisir à conceptualiser une intrigue que vous ne découvrirez au mieux que dans deux ou trois ans (probablement plus, puisque ce n’est pas le seul projet que je travaille). Ainsi, quand je suis content d’avoir réussi mes rebondissements, quand je trouve que telle ou telle idée est pertinente pour traiter un certain propos, je sais aussi que ce sont des choses sur lesquelles je ne pourrai pas échanger avec vous avant un moment. De là germe cette frustration qui, bien que légère, ne se gêne pas pour me parasiter.
Dans ces moments surtout, je me retrouve à m’en vouloir de ne pas avoir pris ce virage plus tôt. Celui qui fait que j’ai décidé d’avoir l’écriture pour métier, qui fait que je cherche à écrire dix mille mots par semaine et qui fait que je travaille sur ce site internet.
Quand je vois ce que j’ai pu accomplir ces deux derniers mois, j’enrage de ne pas savoir à quel point je pourrais avoir avancé si j’avais eu le déclic ne serait-ce qu’un an ou deux auparavant. Ces événements ont une saveur douce-amère. Je sais très bien qu’il y a quelques années je n’aurais probablement pas mis en place des intrigues dont je serais aussi satisfait aujourd’hui, mais je ne sais pas ce qui devrait primer entre ça et le fait de construire une communauté.
Pour être parfaitement honnête avec vous – et probablement que je radote – ; parler de mes créations avec des gens, voir ce que cela leur évoque, à quel point mes mots peuvent toucher, éventuellement faire rêver, c’est un peu ma raison d’exister. Même si tout ça est très récent, que cette tendance, à raconter mes histoires à des connaissances pour avoir leur avis, n’a germé que quelques mois plus tôt, j’en retire une forme d’épanouissement que je n’éprouve nulle part ailleurs. Enfin, si vous avez déjà été amenés à parler de votre passion, je ne doute pas que vous reconnaissez ce sentiment que j’évoque.
Aujourd’hui, je dois me battre avec certains de mes démons pour concrétiser ce rêve de toujours. Je ne cache pas que si j’avais déjà une communauté construite, si je savais que des gens attendent effectivement la suite de mes histoires avec la même excitation qui me hante quand je me retiens de lancer un énième épisode d’anime dans la foulée ; j’y trouverais une certaine forme de carburant pour m’aider à surmonter ces temps difficiles de transition. En revanche, je suis lucide et je sais parfaitement que ce moment un peu creux que je vis actuellement n’est dû qu’à mes agissements – ou plutôt, mes non-agissements – passés.
Je suis ralenti dans mon écriture par ce besoin de reconnaissance qui ferait de ces dizaines d’heures passées à la plume quelque chose de valorisable par tout ce qu’elles génèrent chez les autres. En parallèle, si je n’écris pas, alors aucune chance que des gens tombent sur ces lignes et décrètent qu’elles leur sont valorisables. C’est une forme de cercle vicieux à l’inertie naturelle, auquel se confrontera quiconque se lance dans une profession créative et doit donc trouver sa place, faire son nid. Cette inertie, il faut redoubler d’efforts et de motivation pour aller à son encontre, la stopper et l’inverser. C’est pourquoi dans la situation actuelle je m’efforce de penser à demain, et à tout ce qu’il peut m’apporter. Il est possible que j’en parle trop et que certains le déprécient à terme, mais c’est pour moi une façon de tenir le cap, de passer la tempête, et de me dire que tous ces efforts paieront tôt ou tard.
De la même façon, lorsque je ressens cette frustration de ne pas pouvoir livrer maintenant les éléments d’une intrigue que j’ai fièrement travaillé durant une semaine, je me rappelle qu’un jour ou l’autre, cette intrigue sera développée ici. Mieux encore, vous la découvrirez à travers des chapitres entiers qui m’aideront à vous plonger dans l’univers et à vous faire comprendre pourquoi j’étais si heureux lorsque je l’ai imaginée, comme un engrenage qui entrerait à la perfection dans un immense mécanisme d’horlogerie.
Sur ce,
Belle Lune,
Wayce Upen Foya