Chapitre 1. À la frontière siquare
Lexica réarrangeait machinalement sa crinière verte en arborant une moue sceptique. Adossée nonchalamment au mur, elle scrutait tout le cynisme du tableau face à elle. Une baie vitrée donnait à voir les arabesques ténébreuses de l’espace de distorsion que traversait le vaisseau. Juste en-dessous, les yeux rivés sur le sol, le Sénateur semblait parti bien loin dans ses idées noires. À tel point que les remous de néant qu’elle observait par la fenêtre illustraient parfaitement la vision qu’elle avait de l’esprit du bonhomme.
Depuis qu’elle le connaissait, elle savait qu’il n’était pas du genre à cueillir naïvement le jour. Ce n’était d’ailleurs pas plus mal pour quelqu’un avec autant de responsabilités entre les mains, pensait-elle. Elle ne l’avait cependant jamais vu concerné à ce point. La taille de ses cernes avait doublée et il passait ses journées à tourner en rond en faisant des circuits plus ou moins grands au sein de la corvette.
Elle n’était pas du genre à se lier d’amitié avec ses employeurs. La moitié bionique de son corps témoignait que c’était rarement une bonne idée. Pourtant, elle éprouvait de la tendresse à l’égard de l’homme de pouvoir. Il ne fonctionnait pas de la même façon que tous les autres. Malgré tous les apports de sa personne à la société, malgré son statut et tous les privilèges que cela impliquait, il restait étonnamment humble et silencieux. Le fait qu’il ne se soucie de sa sécurité que dans des situations particulièrement critiques la perturbait également. Il était à des lieues de la paranoïa habituelle qui s’abattait sur les personnalités publiques. Tout dans le personnage lui donnait l’impression qu’il était ailleurs. Comme si son esprit ne parvenait pas à appréhender la réalité de l’Univers qui l’entourait.
« Allez, patron, tenta-t-elle affectueusement, vous pensez pas qu’il serait temps de penser à autre chose ? D’vous amuser un peu, quoi. »
L’intéressé ne répondit pas. Il se contenta d’un soupir abattu en passant ses paumes sur son visage.
Lexica ne pouvait pas lui en vouloir de réagir ainsi. La décision du Consortium, de l’envoyer dans le cadrant Illustre-45 en longeant la frontière des Domaines Siquar était trop ambigüe pour ne rien cacher. Étant avant tout une mercenaire, elle n’accordait que peu d’intérêt à quelque politique que ce soit, mais son dernier job ayant duré bien plus longtemps que prévu, elle s’y était frotté par la force des choses. Finalement, cela faisait également partie de ses attributions, en tant que garde du corps, de se poser un minimum de questions.
D’un côté, on l’éloignait de la zone de conflit avec l’Empire de la Palingénésie. Cela signifiait que le Consortium tenait à lui, publiquement en tout cas. De l’autre, la frontière siquare était un endroit peu contrôlé, ce qui en faisait le meilleur endroit pour voir s’évaporer une corvette diplomatique. Si quelqu’un au sein du Gouvernement voulait le voir disparaître, qui cela pouvait-il être, et pourquoi ?
Si elle-même se posait déjà ce genre de questions, elle n’osait pas imaginer la guerre à laquelle devaient se livrer les pensées du Sénateur. Le genre d’angoisse à vous coller des insomnies de plusieurs semaines.
Début d'histoire
Ça y est, il est là ! Le premier incipit du site.
Pour être parfaitement honnête, même si elle reste inscrite dans un arc du Cyndrespace, XenoGenesis est une histoire qui est loin d’être une considération principale, à l’origine. Ce que je veux dire, c’est qu’elle est relativement récente comparée à d’autres textes et qu’elle n’est pas centrée sur le thème vertébral de l’Univers. Malgré tout, c’est une histoire que je travaille beaucoup en ce moment et que je prends beaucoup de plaisir à avancer, que ce soit dans la phase d’imagination que dans l’aspect écriture.
Pour cette raison, c’est un texte que j’ai beaucoup produit dernièrement et, hier même, je mettais un point final à ce premier chapitre. L’unité de la narration étant achevée (puisque, après le premier chapitre je change de personnage, de lieu et de point de vue) au moins pour un chapitre, j’avais donc entre les main un texte que je considère « publiable ». Un seul chapitre, c’est un peu juste, diraient certains ; et je ne peux pas leur enlever. Ce que je veux signifier par-là, c’est que le chapitre constitue une unité indépendante. À la fin de celui-ci, l’action de la scène est résolue, ou tout du moins, la coupure est volontaire. J’aurais donc moins de scrupules à vous faire attendre la suite si je ne vous ai pas laissés en plein cœur de l’action.
Vu la longueur du chapitre (plus importante que je l’imaginais à la base) et le nombre de parties en lesquelles je l’ai découpé, il n’y a pas de raison que je n’aie pas avancé la suite d’ici à ce que j’en finisse la publication. Cependant, mon imagination est très volatile. Alors je ne prends pas pour acquis le fait que j’avance vite sur cette fiction.
De façon générale, j’ai tendance à sauter souvent d’un projet à l’autre. C’est loin d’être une mauvaise chose car ça me permet de réduire les moments où je suis complètement paralysé. Je bloque sur une histoire à un instant « t » ? Je vais en travailler une autre le temps de trouver le déclic qui me fera à nouveau avancer. Il m’arrive même parfois de faire ça entre les chapitres, d’en laisser un à moitié terminé pour attaquer le suivant, pour ne pas me frustrer avec une page blanche trop longue. Au moins, l’histoire continue d’avancer.
Je sais que devoir attendre longtemps la suite d’un récit dont on s’est attaché aux personnages, par exemple, ou qui simplement nous plaît, peut aussi être une source de frustration ; pour vous, cette fois. Pour limiter au maximum ce genre de problèmes, je me suis imposé au moins une règle sur la publication : je ne publierai que des textes achevés dans leur unité d’action.
Une formule un peu alambiquée juste pour dire que je ne vous posterai pas un fragment de chapitre si ce dernier n’est pas entièrement terminé. Ainsi, même si je n’ai pas conclu l’histoire entière, vous aurez l’occasion de suivre une scène complète, de début à la fin. Ensuite, si je traîne pour mettre en ligne le chapitre d’après, vous aurez au moins la satisfaction de savoir que vous n’auriez pas pu grappiller plus d’informations sur cette partie.
C’est ma seule véritable option. L’écriture est un procédé qui prend du temps et je ne peux pas garantir que tel ou tel bouquin sera bouclé en un an ou deux. Même si dernièrement je suis animé par une volonté d’avancer rapidement et d’achever nombre de projets, j’ai aussi décidé d’en construire plusieurs en parallèle. Cela signifie bien évidemment que je vais diviser mon temps entre toutes ces idées, et que chacune ira un peu moins vite que si je m’y consacrais à cent pour cent.
J’espère que vous comprendrez et que ça ne sera pas rédhibitoire pour vous.
Dans tous les cas, si une histoire vous plaît, n’hésitez pas à donner des retours. Savoir que des gens attendent une suite est aussi un très bon moteur de motivation.
Sur ce,
Belle Lune,
Wayce Upen Foya