Les portes de la passerelle s’ouvrirent sur une salle relativement large. La plupart des officiers avaient quitté leurs postes et s’agglutinaient devant le gouvernail, autour d’un capitaine consterné. Tandis qu’elle se dirigeait vers lui, Ludham fut interrompue dans sa course par un spectacle ahurissant.
De l’autre côté de la baie d’observation, le cosmos étoilé commença à onduler avant de se faire déchiqueter par des éclairs de jade. Des volutes de fluide noir mimant une brume épaisse jaillirent de toutes les brèches, décrivant un ovoïde. La forme couverte d’arabesques lumineuses sembla d’abord être une sorte de trou de ver, mais elle se dissout pour laisser place à un objet à la structure bien plus droite et aux arrêtes saillantes : un navire de guerre.
Si elle n’avait guère de goût pour la politique, Lexica en connaissait en revanche un rayon sur les bâtiments de guerre.
Le navire ressemblait vaguement à un Croiseur-Chasseur Atacama, plus léger mais aussi plus rapide que la moyenne des Croiseurs. Ceux-ci avaient été abandonnés au profit d’une standardisation de vaisseaux avec moins de fioritures et moins d’angles morts mais ils restaient de sérieux adversaires en combat, surtout pour une corvette diplomatique. Là où la plupart des gros navires ne la rattrapaient pas, un Atacama pouvait probablement pousser jusqu’à leur vitesse de croisière.
La coque verte et noire arborait à plusieurs endroits le blason pourpre du Clan Nomade de Jiore. C’était bel et bien un navire pirate.
Concernant la technologie d’occultation dont il venait de faire usage, elle relevait tout bonnement du fantasme technologique. Aucune faction galactique majeure n’en possédait la clé à l’heure actuelle. Les seules évocations qui étaient parvenues aux oreilles de la mercenaire l’appelaient « l’Orage Céleste », et il n’y avait aucun doute quant à sa paternité.
« Le Basilion. »
Sous forme de murmure, le nom maudit vint briser le silence qui s’était abattu dans la pièce. Tandis qu’une personne quittait la passerelle en cachant son visage dans ses mains, Lexica échangea avec les plus hauts gradés des regards convenus. Tous savaient que cet appareil, en particulier, n’était pas du genre à faire des prisonniers. Les Jiori eux-mêmes craignaient sa présence, et ce pour une bonne raison : Basilis, le capitaine du navire, n’était rien de moins que leur divinité funéraire. Et par dieu de la mort, ils n’entendaient pas un sage gardien des enfers invétéré comme le laissaient penser certaines religions, mais bien un jeune monarque belliqueux ayant soif de carnages.
Quand bien même ce ne fut qu’une hyperbole pour qualifier un Jiore particulièrement cruel – ce que niaient les principaux intéressés en insistant sur la présence de leur vrai dieu – sa réputation, elle, était fondée. La plupart des vaisseaux subissant son courroux devenaient simplement des tombeaux. Quant aux deux ou trois survivants ayant jamais existé, ils clamaient les dons et la cruauté surnaturels de leurs assaillants.
La mercenaire prit une grande inspiration en pinçant ses sinus pour se calmer. L’expression « ironie du sort » ne suffisait plus pour dépeindre le prodigieux cul de sac dans lequel elle se retrouvait, pensa-t-elle.
Elle se racla la bruyamment la gorge pour attirer l’attention et déplia son épée de poche d’un geste sec pour se donner de l’assurance.
« Écoutez-moi bien, vous autres, hurla-t-elle, dans une situation aussi critique, la seule vie qui importe sur ce foutu navire est celle du Sénateur ! Les déserteurs seront tenus pour responsables de tout ce qui pourrait lui arriver et seront condamnés à l’électrocution par le Consortium Univers pour crime contre l’État. C’est bien compris ? »
Elle n’attendit pas de voir quiconque acquiescer pour quitter le pont et rebrousser chemin. Elle aurait souhaité mener le combat depuis le poste de contrôle mais elle devait retourner auprès de son employeur le plus rapidement possible. Il ne s’agissait plus d’éviter un abordage mais d’y survivre. Elle attrapa son épée en posture de poignard et se mit à foncer à travers les couloirs pourtant étroits de l’habitacle, sans faire cas des militaires s’affairant tout autour.
Il arrive avec beaucoup un peu de retard, mais il est bien là : le nouveau morceau de XénoGenesis II !
Je m’excuse d’avance pour ceux qui voulaient des affrontements galactiques, ce n’est pas encore ici que ça se passe. L’histoire avance plutôt doucement mais nous nous trouvons désormais à un moment charnière du chapitre (du moins, c’est mon avis) : là où la situation échappe à tout contrôle pour Lexica. Sans trop vous en révéler, on peut dire que d’ici à la fin du chapitre, les choses ne vont qu’aller de mal en pis.
J’imagine que certains d’entre vous sont un peu perdus face à tout le jargon technique et surtout inventé qui apparaît dans ce premier chapitre, notamment dans cette partie. Je l’ai déjà dit plusieurs fois, je suis assez friand des débuts in medias res et celui-là ne fait clairement pas exception. Pour les plus habitués du genre (Space-Opera), je vois tous ces détails un peu comme des friandises à savourer au détour d’une page pour commencer à se créer le schéma mental de l’univers qu’on se met à apprivoiser – à vous de me dire si c’est bien le cas. Pour ceux qui n’en auraient pas vraiment l’habitude, ce flot de « révélations » peut être un peu perturbant, mais pas de panique à avoir : d’un, le fond de l’histoire ne repose pas que sur ces détails et je pense que vous arriverez toujours à suivre, de deux, ce genre de petites informations reviendra plusieurs fois dans de nombreux chapitre si cela s’avère nécessaire ; si bien que vous finirez par les enregistrer sans vous en rendre compte.
Vu que j’ai pris pas mal de retard sur la publication de mes articles, je vais me rattraper cette semaine : on se donne rendez-vous ce week-end pour la suite des pérégrinations de la mercenaire.
Un petit point sur la semaine dernière
Évidemment, il suffisait que je fanfaronne fin janvier sur le fait que j’avais réussi à tenir mes objectifs de publication dans le mois, pour que la première semaine de février ne se passe pas comme prévu. Avec la sortie du poème le mercredi, pourtant, je tenais le premier objectif du bon bout et il aurait suffi que je mette en ligne un petit résumé de ma semaine pour que mon socle minimal soit atteint.
D’un côté, j’ai des tas de bonnes raisons de ne pas avoir écrit cet article : arrivée de mes premiers partiels, genèse d’un nouvel univers (qui a exigé pas mal temps), petit accident de vélo (qui m’a beaucoup fatigué malgré tout), tentative de rattraper un peu mon retard sur mes cours…
De l’autre, ce serait de la pure mauvaise foi que de dire que je n’aurais pas pu sauver une petite heure de mon emploi du temps pour vous raconter une ou deux anecdotes. Mon rythme de vie de la fin de semaine a tout simplement fait le yoyo et je n’ai pas fait l’effort de le rattraper. Disons que les facteurs de stress m’ont un peu détourné de l’envie d’écrire.
Pourtant, ce n’est pas faute de choses à dire : la première semaine de Février était assez opportune pour que je produise plus de 1700 mots sur le synopsis de L’Héritière Artificielle, qui a donc bien avancé, et que je crée, comme je le disais plus haut, un nouvel univers à partir de rien : la Périambrélie. Pour cette dernière, je n’ai pas pu compter le nombre de mots produits car j’ai tout fait à la main, sur papier, et que certaines choses prennent du temps sans se compter en mots : schémas, concepts. Cependant, je reste relativement fière du travail accompli. En deux jours j’avais déjà posé les bases de la magie dans ce monde, la course de certains astres et toute sa structure géologique, ce qui représente une bonne base pour la création d’histoire.
Aller jusqu’à penser la composition des roches, certains penseront peut-être que c’est un excès de zèle. Pour ma part, c’est déjà et avant tout une façon de me canaliser. C’est un peu obsessionnel, j’en ai conscience, mais travailler le détail d’un univers me détend. C’est un peu le même sentiment d’accomplissement que d’aller au bout de n’importe quelle autre tâche, avec le plaisir supplémentaire de créer quelque chose de complètement inédit (si possible). Je sais aussi que même si tout n’est pas révélé dans une histoire, le fait de bien définir les liens qui existent entre chaque éléments constitutifs – et donc de détailler ceux-ci – permet de poser une cohérence qui va soutenir la suspension consentie d’incrédulité en sous-marin. Je crois qu’une des choses qui me comblerait le plus serait d’avoir des lecteurs qui parviendraient à percer le fonctionnement sous-jacent d’un univers uniquement grâce aux petits détails décrits dans l’histoire. En fait, ça signifierait que le monde est construit de façon suffisamment logique pour que l’esprit humain y trouve son chemin.
Ce n’est pas le cas de tout ce que je crée : il y a des histoires dans lesquelles je joue vraiment au funambule sur des concepts en ne les considérant pas aussi sérieusement qu’il le faudrait (c’est une autre facette qui apporte des facilités dans l’écriture et permet de dérouler l’histoire un peu plus intuitivement). En revanche, un univers rempli de contraintes et de limites est aussi très épanouissant en ce qu’il oblige les personnages à vivre certaines choses ou à prendre certaines directions.
Bon j’ai pas mal d’idées et de théorie sur la construction d’histoires. Peut-être qu’à force de regarder des avis, des critiques, et de travailler mes propres textes, je commence à me prendre trop au sérieux… Malgré tout, je pense que ça pourrait en intéresser certains d’avoir de nouvelles hypothèses sur la démarche créative à ajouter à leur approximo-pédie – je ne vais pas parler d’encyclopédie parce qu’il ne faudrait pas non plus que mon melon explose. De mon côté je suis une véritable éponge à idées. J’essaie de me nourrir constamment de tout ce que les autres auteurs pensent (d’où l’intérêt d’être dans des groupes d’écriture). Ensuite je digère tout ça pour me faire mes propres dogmes inspirés d’un peu partout.
Comme je vous l’ai déjà trop répété, j’aimerais bien que ce site devienne un véritable bric-à-brac de tout ce que je peux écrire. La philosophie et la « méta-écriture » (si je peux me permettre le terme) font aussi partie du lot. Je n’irai pas plus loin sur cet article parce que ce n’est pas le propos (on digresse beaucoup trop par rapport à XG II à mon goût) mais si ça vous tente, je pourrai envisager d’écrire aussi sur ce style de sujets.
Sur ce,
Belle Lune,
Wayce Upen Foya